Notre dame des récollets

Place du Martyrs
























                   Notre bourg se développant, à la fin du 16° siècle, et surtout dans le cours du 17° siècle, des ordres religieux songèrent à s'y installer pour exercer leur apostolat vis- à- vis d'une population en croissance, ainsi que pour combattre l'influence du protestantisme à Verviers et dans la région ; au 17° siècle, en moins de soixante ans, trois ordres masculins et trois ordres féminins s'installent dans la cité.

Les premiers furent les récollets en 1627.

Qui étaient les récollets ?

                Les ordres religieux, au cours des temps, sont amenés à se subdiviser; c'est ainsi que les Franciscains, religieux de Saint François d'Assise (13° siècle), ont donné naissance aux " récollets", tout comme aux capucins.  


             Outre les œuvres de charité et l'enseignement, ils s'adonnaient à la prédication; ils donnaient aux fidèles, des retraites spirituelles de courte durée, dites en langage religieux, " récollections", telle qu'en France, à la fin du 17° siècle, à la "Maison de récollection"  d'où le nom de " récollets" donné à ces religieux.

              Les Récollets du couvent de Boland demandent et obtiennent en 1626  de construire un couvent de leur ordre à Verviers; d'abord établis en Crapaurue et au Brou 1627, ils acquièrent un grand terrain logeant la Vesdre, au nord-ouest du "grand Wérixhas" en 1631. Commencé, en 1631, le couvent et achevé en 1634.

              L'église, dédiée au Saint Sacrement, et dont la prmière pierre sera posée en 1946, sera achevée en 1650 et consacrée en 1652.

             En 1664, la façade fut ornée d'une statue en pierre de sable représentant la vierge sur le bras de laquelle s'appuie l'enfant Jésus
























              En 1700, le succès populaire de ce lieu de culte amène à y adjoindre deux nouvelles travées qui s’appuient sur l’ancienne façade.Incendie en 1810, restauration de la chapelle de la Vierge  en 1859, construction en 1892-1893 du clocher actuel…

              En 1692 tremblement de terre ( voir ci dessous).
Il en résultat un grand concours de fidèles, si bien que pour les préserver des intempéries, on construisit ( 1702 ) , en avancée de l'oratoire primitif, une chapelle devant la vierge qui, jusque là, était à l'extérieur; un portail compléta l'édifice en 1713.
Durant l' épidémie de 1936 et la peste en 1668, les Récollets furent d'un grand dévouement à la population.

             A la demande du Magistrat des Récollets entreprennent ( là ou se trouvait le " café du midi " et le local du " patria" à la construction d'un collège, dénommé St Bonaventure, commencé en 1646 et inauguré en 1653; il fut longtemps le seul établissement de la ville à enseigner les humanités aux jeunes gens. Il disparut sous le régime Français.
En effet, le 22 octobre 1796, la direction des Domaines est à Verviers pour y appliquer le décret de la Convention sur les propriétés ecclésiastiques.
La communauté est dissoute, puis après location de l'église et du couvent ( 1798-99) il y eu une vente de tous les biens; couvent, église, hangar, annexe, cour et jardin. La ville conserve la chapelle et le collège.

              Suite à un souscription de la population, ( 1803 ), l'église et la sacristie furent réaffectées au culte (1808) et l'année suivante, l'église et la chapelle étaient reconnues comme succursale de St- Remacle , sous le nom d'église des récollets.
En 1810, un incendie éclate dans l'ancien couvant devenu fabrique de draps et détruit l'église, qui est reconstruite en 1816-17 par Henri Douha.

               En 1833, sous le nom de Notre Dame, est constituée une paroisse séparée.
En 1859, la chapelle est restaurée et bientôt (1893) la tour avec son carillon, surmonte l'édifice (dû à l'architecte Van Assche de Gand); la barcarolle de Gomzé (cfr cette rue) égrènera ses notes sur la place.
La vierge placée sur la tour de l'église porte l'inscription; 1892.
L'édifice paiera son tribut à la guerre quant en 1944, un obus épargnant la chapelle, endommagera l'église




















Les Récollets à Verviers, c’est un important couvent, une communauté active dans la lutte contre le protestantisme et un collège Saint-Bonaventure, seule école secondaire verviétoise sous l’Ancien Régime, pour les seuls garçons, évidemment. Il y aurait beaucoup à dire à son sujet.
 Son influence fut considérable


TEMBLEMENT DE TERRE


Faits historiques

                Le 18 septembre 1692 un tremblement de terre secoue la ville de Verviers et la région environnante. Lors de cette secousse des changements se produisent dans la statue de pierre de la Madone se trouvant dans une niche du frontispice de l’église des Frères mineurs récollets, sise en bord de Vesdre, dans le centre de Verviers.

             L’Enfant - Jésus présenté de face, à hauteur des épaules de sa mère en attitude de majesté royale et tenant un globe dans la main gauche, avec l’avant bras droit élevé, se trouve, après le tremblement de terre, tourné vers sa mère, s’appuyant sur elle en souriant. Légèrement tournée vers lui la Vierge, de la main gauche, lui tient sa main droite, effectuant un mouvement par rapport à ce qu’était la statue antérieurement.

            De nombreux témoignages font état de cette modification d’attitude. Les verviétois qui l’interprètent comme un signe de protection de la ville parlent du ‘Miracle de Notre-Dame’

Enquêtes

          La dévotion populaire prenant rapidement de l’ampleur et des miracles et guérisons étant signalés, une enquête canonique est ordonnée par l’évêque de Liège. Une ‘première information’ faite en 1693 est suivie par une enquête approfondie en octobre 1696. Des quelque 4000 personnes prêtes à témoigner une centaine sont retenues et interrogées: un tiers des témoignages porte sur les changements intervenus à la statue et les autres sur diverses guérisons constatées.

         Le théologien Pierre Henrard en est le rapporteur. Première chose: que la statue ait changé est évident, constaté par des centaines de personnes. Le changement est encore visible. Deuxième chose: les faits sont-ils miraculeux, et non pas le fruit d’une supercherie, la substitution, par exemple, d’une statue par une autre? 

         L’hypothèse est écartée: la statue, très lourde, se trouvant à grande hauteur dans une niche sur la façade de l’église et de plus donnant sur une place publique. La substituer par une autre ou la retravailler en quelques instants eut été impossible sans que ce fut noté par l’un ou l’autre témoin.
Le rapporteur conclut:

 « ce qui fortifie notre conviction concernant le miracle c’est que depuis 1692 il a ranimé envers Marie la dévotion de plusieurs milliers de chrétiens. Depuis 1692 la Vierge des Récollets est l’objet d’un culte universel, et elle est considérée comme la sauvegarde de Verviers et de la contrée. De plus, que d’hommes indifférents ont du leur conversion à cet heureux événement ! Que d’infirmités, de maladies, de peines ont été adoucies et soulagées ! Que de miracles ont été enregistrés| C’est à tout moment que les notaires sont appelés pour dresser des actes officiels attestant ces guérisons. En présence de tant de prodiges, la Cour de justice ne peut que s’écrier : le doigt de Dieu est là!»


Dévotion et culte


            Dès l'année suivante, en 1697, le culte public est autorisé par l'évêque de Liège. Pour ne pas modifier l'emplacement de la statue tout en la protégeant on construisit en 1700 une chapelle de deux travées devant, et adossée à, la façade de l'église. Un jubé intérieur fait le tour de la chapelle au niveau de la statue (et ancien frontispice de l'église). Aux pieds de la Vierge, un autel fut installé. Autour de la niche primitive une décoration baroque d'angelots tenant une couronne fut ajoutée.

           En 1739 Clément XII accorde une indulgence plénière à tous les fidèles qui visiteraient l'église des Récollets le 18 septembre. En 1892, jubilé du bicentenaire du miracle, Léon XIII fit couronner la Vierge des Récollets. La cérémonie solennelle du couronnement de la Vierge eut lieu le 16 octobre 1892. Une cantate originale d'action de grâce fut créée à cette occasion et exécutée lors de la procession imposante qui parcourut les rues de la ville de Verviers.




texte historique de 1895 recopié tel écrit par le rédacteur de l'époque



 S'il faut en croire la tradition, un fait extraordinaire se passa à Verviers, le 18 septembre 1692, alors que, vers cette date, un terrible tremblement de terre, surtout violent en Sicile, se faisait sentir dans diverses villes et contrées de l'Europe, notamment à Bruxelles, où les secousses durèrent, dit-on, une minute entière .En présence de plusieurs milliers de spectateurs, la statue de la Vierge tenant dans ses bras son divin fils, taillée en pierre de sable et placée au frontispice de l'église des Révérends Pères Récollets, se transforma à tel point qu'elle en devint presque méconnaissable, tant son aspect général s'était subitement modifié. Le peuple vit dans cette transformation, indépendante de toutes causes naturelles, un vrai miracle et un témoignage irrécusable que c'était à la protection de la Vierge Marie que Verviers avait dû d'échapper au désastre qui avait frappé tant d'autres villes. Ce prodige donna lieu à une enquête qui se trouve rapportée tout au long dans un petit volume attribué à la plume de Jacques Silvius, gardien du couvent des Récollets et intitulé : Abrégé des changements miraculeux arrivés Van 1692, le 18 septembre, dans l'image de la Sainte Vierge Marie et de son fils Jésus, honorée chez les Pères Récollets de la ville de Verviers et dont l'impression fut autorisée, le 7 août 1697, par « Dom Nicolas Bouxhon, abbé de Saint-Jaques à Liège, Examinateur Synod  et Le Beau, curé de Saint Adalbert, Doïen des Pasteurs de Liège, Examinateur Synod. » Nous devons à l'obligeance de M. Servais Derchin, bibliophile et antiquaire à Verviers, d'avoir eu entre les 'mains un exemplaire de la deuxième édition de ce rare petit livre sorti des presses de « Barthelemi Collette, imprimeur à Liège, au Bon Pasteur sur Meuse, 1740. » Nous en extrayons le passage qui concerne les modifications miraculeuses qu'aurait subies la statue de la Vierge, dans la fameuse journée du 18 septembre 1692, il y a un peu plus de deux siècles. « Des personnes dignes de foi, de l'un et de» l'autre sexe, et en grand nombre ont déclaré, » sur serment fait devant des notaires publiques t témoins à ce requis; et puis ont ratifié sous » serment réitéré,' le crucifix en main, leur première déclaration, par devant Monsieur le Révérend maître Pierre Henrard,  licentié en théologie, Doïen de la Chrétieneté dans le Décanat de Saint Remacle, et par une longue suite d'années Pasteur très vigilant de l'église de Sart, en  qualité de député de Monseigneur le très-illustre  et Reverendis.Seigneur Guil.Ber.de Hinisdaël, Coadministrateur et Vicaire général de Liège, et» en présence de Messieurs les Eschevins de la  ville de Verviers, à ce requis, ils ont, dis-je,  déclaré, en à portant cause de science, que  ladite image de la très-sainte Vierge regardoit devant le tremblement de terre fixement et en  droiture sur la grande porte, qui servoit alors  d'entrée dans la cour, qui étoit devant l'église,  connue pour considérer toutes les personnes  qui y venoient : qu'elle tenoit avec majesté en  sa main gauche, duëment étendue et détachée  du corps, un sceptre doré : que l'image de Jésus  qui est debout sur un pied-d'étal de même  pierre à la droite de celle de sa mère, regardoit  pareillement sur la même grande porte, il tenait le bras et la main droite étendue et élevée , comme  pour donner la bénédiction à tous ceux et celles  qui y entroient ou (ainsi que d'autres l'expliquoient à leurs enfants afin de les contenir dans  leur devoir, et les porter à la pratique de la vertu)  pour menacer les hommes de ses châtiments,  s'ils faisaient mal : De sorte qu'il y avait plus de  deux grands pieds de distance entre la main  gauche de la Vierge et la main droite de Jésus ; » mais que le i8* jour de septembre 1692, après ce grand tremblement de terre qui se fit, on vit des changements prodigieux dans les deux susdites  Images et plus de quatre mille personnes accoururent sur la Grand'Place pourvoir ces merveilles.
» I. — Dans celle de jésus, dont les pieds étoient  restés fixés sur son pied-d'étal, en la même  manière qu'ils étoient auparavant, tout le reste  du corps s'est tourné vers celle de la mère, la » regardant en face ; pareillement la Vierge a  tourné la tête vers celle de son fils et la regardoit amoureusement.
 2.  Les deux mains éloignées de plus de  deux grands pieds, scavoir la gauche de la  Vierge, et la droite de Jésus se sont empoignés  devant le sein de la Vierge, celle-ci tenant sous  sa main gauche la droite de celui-là, et la  cachant entièrement : ensuite on a vu la main  du petit Jésus se dégager peu à peu de celle de  sa mère, et paraître à travers des ouvertures de  ses doigts, qui se sont fermés distinctement, et  élargis comme on voit à présent ; car auparavant cette main gauche de la Vierge, qui tenoit  le sceptre, étoit sans forme : c'étoit comme une  masse de pierre solide, et quelques simples traits de pinceau faisoient quelque âparance des doigts  étroitement fermés l'un à l'autre : mais présentement la main s'est fermée parfaitement par un  ouvrier invisible, avec les doigts élargis, comme  un naturel, et empoigne la droite de son Fils.
 3.  Plusieurs ont affirmés par serment d'avoir  vu le visage de la Vierge se changer souvent en différentes manières, tantôt elle étoit pâle, triste  et affligée; tantôt vermeille, joyeuse et riante, tantôt elle mouvoit les lèvres comme une personne qui prie avec ferveur.
4.  Enfin le Fils ne regarde plus .^^a mère droit  en face, ni la mère son fils : mais l'un et l'autre ont  les yeux plus baissés; quoique leurs postures  soient toujours restées les mêmes, et les mains  toujours serrées l'une sous l'autre, comme  tenant à demi le sceptre. Tous ces changements,  qui ne se sont pu faire que parla toute puissance  divine, soit qu'on les appelle miraculeux, soit  qu'on les nomme prodigieux, arrivés le même  jour que Dieu sembloit vouloir bouleverser le  monde par le terrible tremblement de terre qui  s'y fit, semblent être des  preuves plus  qu' apparentes, que la Sainte- Vierge a arrêté, dans le  ciel, le bras de son fils irrité, contre les hommes,  et l'a empêché par ses prières de les foudroyer; comme nous voyons que dans cette image ou  statue de pierre elle a empoigné et arrêté celle du  petit Jésus. » Cette intervention de la Vierge en faveur de la population Verviétoise lui valut le nom de Mère de Miséricorde, nom sous lequel elle fut depuis vénérée et honorée à Verviers. De nombreuses guérisons furent, au dire de l'auteur, obtenues par son intercession .C'est à la suite de tous ces événements que fut érigée, l'an 1698, dans l'église des Pères Récollets de Verviers, la confrérie de la Sainte-Vierge, sous le nom de confrérie de Notre-Dame de Miséricorde. En tête du curieux petit livre de Silvius, se trouve reproduite la statue- de la Vierge, telle qu'elle était avant et telle qu'elle existait après le jour fameux où se serait passé le miracle de la transformation. La numismatique nous a gardé le souvenir de ce prodige. Une petite médaille en cuivre jaune, de notre collection, portant la légende : NOSTRE DAME- DE VERVIER répétée sur les deux faces, nous montre, au droit, la statue primitive de la Vierge et, au revers, la statue transformée de Notre-Dame de Miséricorde. La comparaison de la petite médaille avec les dessins donnés par Silvius ne peut laisser aucun doute à cet égard. (Voir la planche X.) Nous avons cru devoir reproduire aussi, sur la planche qui accompagne cette notice, un plomb, anépigraphe, récemment acquis par nous, offrant,lui aussi, sur ses faces les figurations de la Vierge Verviétoise telle qu'elle était avant et telle qu'elle était après le miracle de l'année 1692. Nous serions assez porté à considérer ce plomb, non comme une médaille religieuse — il ne présente nulle trace de bélière — mais bien comme un méreau de la confrérie de Notre-Dame de Miséricorde, en l'église des Pères Récollets de Verviers.

                             Médailles frappées a l'occasion de cet événement









                 Notre Dame des Récollets à Verviers

                    Historique du couvent, du collège, et de l'église des père récollets à Verviers
                     aujourd'hui paroisse Notre Dame
par J S RENIER, 1862



























FONDATION, ÉDIFICATION.


            Le nom de Récollet, dérivé de Recollectus, recueilli, fut donné à des religieux Franciscains, qui désireux de pratiquer les vrais préceptes du saint Fondateur de leur ordre, règle dont on s'était écarté, s'assemblèrent à la fin du XIVe siècle pour opérer cette rénovation dite de l'observance.
Les plus timorés jugeant ensuite que l'on ne s'identifiait pas assez à l'austérité primitive, résolurent d'appliquer enfin la stricte rigueur de l'ancienne institution.

            Les maisons qu'ils ouvrirent furent dites de Récollection parce qu'ils n'y admirent que les sujets qu'ils reconnurent doués de l'esprit de recueillement. Leur costume fut celui de saint François, brun, à pièce, mais ils ne portèrent point la barbe, ce qui les distingua des Capucins issus de même souche ainsi que les Cordeliers et les Picpus.

           Les Récollets adoptèrent le titre de Frères Mineurs de l'étroite observance.
Cette Congrégation prit naissance en Espagne l'an 1484 par le zèle de Jean della Puebla y Sottomayor, comte de Belalcasar. Elle fiat introduite en Italie en 1525, et y établie en 1530 par Clément VII qui lui fit donner des maisons spéciales, afin que l’on y appliquât, en leur plus grande perfection, les voeux de saint François.

           La France reçut l'Ordre renouvelé en 1592, grâce aux soins de Louis de Gonzague, duc de Nevers. Le premier couvent de Récollets en deça des monts, fut fondé en la ville de Tulle en Limousin; peu après s'ouvrirent ceux de Montargis et de Murat en Auvergne.

            Partout où ces réformateurs se présentèrent, les frères dit de l'observance firent toute opposition possible à leur admission. De là, recours au Pape Clément VIII, qui par un bref adressé au cardinal de Joyeuse, lui commandait d'affermir par l'autorité apostolique, l'institution nouvelle; et le cardinal rendit en 1600 un mandement conforme aux désirs du Souverain-Pontife (1)
Les Récollets formèrent bientôt un établissement à Paris (il existait en 1603) et ils partagèrent la France en sept provinces.

            Henri IV fit des dons importants aux Récollets, Marie de Médicis fut reconnue pour leur protectrice. Eux de leur côté, recherchèrent avec empressement toute occasion de montrer leur dévouement au peuple par l'instruction, les exhortations et les services de tout genre surtout lors des maladies contagieuses, époques où leur zèle ne connaissait plus de bornes.
La réputation de ces hommes dévoués se répandit avec une rapidité remarquable et la Belgique comprise en partie dans leur province de Flandre, compta bientôt de nombreuses maisons de Récollection.

          L'édilité verviétoise fut l'une des premières à reconnaître leur mérite et fit bon accueil aux membres de ces corporations, afin de les opposer comme barrière aux envahissements du protestantisme. La venue des Pères Récollets en notre ville eut lieu dans les premières années du XVIIe siècle.Nonobstant leur présence, un appel officiel leur fut ensuite adressé.

          Detrooz, en son histoire du Marquisat, p. 138, nous apprend que:« L'an - 1620, le magistrat et le curé de Verviers invitèrent à venir s'établir dans leur ville ces Pères Récollets de la province de Flandre, qui y prêchaient depuis longtemps les stations. »

           Une chronique manuscrite que nous possédons, sans nom d'auteur, relatant les faits de 1666 à 1703, et provenant de la famille Berguenheusse de notre ville, dit à ce sujet:
« En 1627, le P. Bonaventure Bidar se présenta comme missionnaire ennvové par l'Ordre, à Verviers.

             Il descendit en une maison de Craporue (qui depuis a été à Pierre Renard dit le Camu), où d'autres Récollets le rejoignirent bientôt; grâce aux libéralités des personnes auxquelles ils se présentèrent, ils purent acheter en Brou une maison qui fut après eux à Henry Dexhorez, marchand de notre ville. » Cette maison démolie en 1855 conserva jusqu'alors, au-dessus de sa porte, une petite niche en pierre où avait posé une statuette. Le N° 37 actuel remplaça ladite construction en 1855.


                  Saumery en son travail intéressant, les Délices du Pays de Liège, t. 3, p. 253, ajoute:
« Ces religieux qui ont été admis à Verviers dès l'an 1627 par le prince Ferdinand de Bavière, alors Evêque de Liège, y exerçaient déjà depuis longtemps les pieuses fonctions de leur ministère.

                 C'est à leur zèle et à leurs travaux que l'on doit en ce pays l'extirpation de l'hérésie et des pratiques superstitieuses tendant au paganisme; c'est pourquoi ils en sont considérés comme les Apôtres. » Si les Récollets déployèrent dès leur venue un zèle remarquable en leurs éloquentes exhortations et fonctions religieuses, ce qui concourut puissamment aussi à leur livrer toutes les sympathies, fut la manière affectueuse avec laquelle ils répandirent l'instruction alors si négligée, pour ne pas dire nulle.

                 La cité heureuse de posséder en eux toutes les ressources nécessaires pour éclairer la jeunesse, leur facilita l'acquisition d'un vaste terrain « dans le grand Werihas, proche la rivière, en sorte que le 30 Mars 1631, ils ouvrirent les fondements de leur couvent. Un autel fut élevé en ladite place et le révérend doyen de Theux y célébra la sainte Messe. Les travaux furent poussés avec tant d'activité, qu'à la fin de l'année les religieux eurent achevé un manoir pour y résider, et le premier jour de l'année 1632 la première messe y fut célébrée en leur oratoire. » (Ms Berg.)
Saumery donne à ce fait la date de 1633, cependant nous avons tout lieu de croire exact un écrit émanant de la localité.

               La construction de l'oratoire s'étant trouvée défectueuse, il fallut le démolir moins de six ans après; en 1639, le couvent fut achevé. » (Notices historiques de M. Nautet, t. 1er, p. 25.)
Detrooz, p. 141, porte ce fait à 1739, est-ce par erreur typographique?
Enfin les Pères perfectionnant leur dessein, élevèrent bientôt tout auprès de leur maison une église spacieuse et bien ornée qu'ils dédièrent selon l'inscription de la façade:

               Au Très Saint Sacrement de l'Autel, à la Vierge Marie sa mère, à son serviteur, saint François. Hommage et dévotion du magistrat et peuple de Verviers 1647.
Ce document lapidaire se voit encore à son ancienne place sous l'autel de la chapelle de la Vierge




























                 « La dédicace de l'église, ne s'accomplit qu'en 1653 ou 1654 » dit le Ms Berg.
Elle dut avoir lieu par les mains d'un évêque, car les pilastres portèrent les croisettes rouges de l'onction épiscopale; on les vit reparaître, en ce siècle, lorsque l'incendie eût fait éclater le plâtras recouvrant le badigeon primitif. Il est étrange que nos chroniqueurs et historiens se taisent sur leur origine.

                Il est probable que l'hommage de 1647, fut suivi d'une bénédiction pastorale et ne reçut sa consécration solennelle que six ou sept ans plus tard, voici pourquoi:
Les troubles fomentés par les factions des Chiroux et des Grignoux dans le pays, avaient éloigné Ferdinand de Bavière de son siege; son successeur et neveu,

                Maximilien Henri, élu en 1650, habita souvent Bonn, ne revint que par intervalles à Liège, où de retour enfin en 1653, il célébra la messe le jour de saint Lambert (17 septembre). L'on peut donc attribuer à ce prince évêque, la consécration du Sanctuaire dont nous parlons.

                  De cette église primitive il reste encore une grande partie des murs de l'enceinte actuelle, mais le point resté intact est la vaste parois où s’élève l'image de la sainte Vierge: Le fond de la chapelle Notre-Dame étant l'ancienne façade, laquelle était percée à sa base d'une seule porte, surmontée de l'inscription précitée et de la niche où pose la statue miraculeuse

                Au-dessus s'ouvraient trois fenêtres, deux cintrées aux côtés et une ovale, surmontant le tout, ouvertures remplies naguère. Le groupe de la Vierge et de l'enfant Jésus, taillé en pierre de sable, de bonne sculpture, mesure 6 1/2 pieds de haut. D'abord, colorié, sa teinte actuelle est noirâtre, et rien à notre connaissance ne cite l'époque où il prit cette dernière couleur qu'elle portait du reste, à la fin du siècle dernier. L'ancienne tour de l'église brûlée en 1810, était de forme très élégante, s'élevait au-dessus du choeur et présentait une flèche élancée, soutenue de huit colonnes alternées par des arcades à jour, entre lesquelles les cloches étaient étalées.

               L'ornementation intérieure du vaisseau était du meilleur goût, disent encore ceux qui l'ont connu. Ses proportions étaient les mêmes que celles de la nef actuelle, seulement le choeur double en étendue de ce qu'il est aujourd'hui, rompait par ses clôtures élevées, l'excès de longueur que l'on remarque dans le plan général. Audit choeur, l'espace était divisé entre trois enceintes séparées; en celles de l'entrée à droite et à gauche, s'élevaient des petits autels d'ordre Corinthien
.
               Celui du côté de l' évangile, montrait en sa niche la figure de la Vierge, qui le remplace â l'autel qui le remplace; celui du côté de l'épître contenait un tableau représentant saint François à Portion cule. Dans le grand chœur, quarante-six stalles destinées aux religieux, précédaient le grand autel où se voyait un christ en croix peint sur toile et dont on vantait le mérite.
La plupart de ces œuvres portaient les blasons de donateurs, et de nombreuses armoiries ornaient de même d'élégants lambris, ruisselants de sculptures, entourant l'église et desquels sortait une chaire dont la cuve était formée d’une ronde d'Anges. Six confessionnaux élégants étalaient des figures grandeur naturelle, représentant les vertus; le travail en était très estimé.

           La tribune ou Jubé se composait de trois arcades de marbre, à rustiques, alternées de rouge et de noir, ce tout posé sur deux colonnes et deux pilastres, engagés, tous monolithes, de marbre saint Remy. Les orgues qu'ils supportaient furent d'excellente facture.
Le pavé de l'église s'orna de belles pierres tombales, et le choeur reçut iusieurs riches mausolées, entre lesquels brillait celui de la famille magistrale de Jean de Herve. Cette oeuvre était formée de vastes pièces de marbre noir, incrustées d'ornements en bronze entourant l'image de la mort, qui semblait appeler le spectateur.

            Cette pièce artistique échappa seule au désastre qui, au commencement de ce siècle, anéantit tout l'édifice qui nous occupe, mais elle fut vendue en 1818, vu sa valeur intrinsèque et la pénurie des finances, lors de la réédification de l'église. Comme pendant à cette tombe, était celle de Pierre Alexandre Pirons, de Verviers, seigneur de Baelen, chanoine de la cathédrale saint Lambert, à Liège, et dont le corps a été revu en entier en 1817, lors de l'ouverture des caveaux.
Une autre partie intéressante de l'ornementation du vaisseau était le plafond ou voûte en bois à cinq pans, formés de tableaux représentant les principaux sujets de l'ancien testament que l'on s'était avisé de badigeonner au début de notre siècle.

           Enfin l'ensemble des bâtiments élevés par les Pères Récollets, destinés à recevoir cinquante religieux, offrait un vaste carré, dont l'église était le sud, le couvent formait au nord une parallèle, longeant la Vesdre; deux ailes reliaient à angle droit ces corps principaux: Celle de la façade était affectée au grand escalier et à la bibliothèque; la brasserie servait de fond, fermant une vaste cour intérieure entourée de portiques composant les cloîtres, constructions que remplace l'établissement Fischer et Cornet.

             Une seconde cour fut formée en déça de la façade du couvent, limitée à l'ouest par le local du collége: « L'an 1665 (dit le Ms. Berg.) les Pères firent une belle et forte muraille devant ladite église avec un grand portail qui compose une cour entre le couvent et la rue.
Il est probable que cette clôture qui précéda la construction de la chapelle, partait des maisons de la place et s'étendait vers la rivière.

BIENFAITS DE L'INSTITUTION.


               Tandis que les constructions élevées par les Récollets touchaient à leur fin, eux tout en payant de leur personne en ces travaux, ne négligèrent aucun des moyens propres au succès de leur double mission. Le plus ancien acte officiel les concernant, que nous ayons rencontré, existe en nos archives communales.

              Il émane de Herman de Stockhem, archidiacre de Condroz, à propos de sa visite à l'église de Verviers en 1669; traçant les droits du curé de Saint­Remacle, il dit:
« Comme il nous a esté remostré par les Bourgmestres susdits que s'il arrive que quelque corps soit enterré dans l'église des Pères Récollets, le pasteur prétend d'avoir autant que si ledit corps serait enterré dans son église, nous déclarons le dit pasteur en tel cas se de voir contenter de ce qui lui est assigné dans nos statuts par l'article 21. »

              Nos religieux témoignèrent souvent leur reconnaissance pour la ville qui les avait accueillis; les chroniques contemporaines ne cessent de vanter leur dévouement en présence de chaque sinistre ou calamité: « On peut espérer que Dieu les continuera (dit le MS. Berg.) car ils ne cessent d'agir tant pour la consolation des malades que pour le maintien des bonnes moeurs, en sorte que pour décrire le bien spirituel qu'ils ont apporté, il faudrait un gros volume. » Detrooz nous apprend que pour procurer du soulagement aux malades, ils se vouèrent à une mort certaine pendant l'épidémie de 1636. Le Ms. Berg. continue ainsi ses éloges:

          « Au péril de leur vie, ils s'exposent à tout hasard au feu, aux remparts en temps de guerre et à la contagion, où je les ai vu dans les années 1668 et 1669 courir avec gaieté de coeur au secours des pestiférés, pour leur administrer les choses nécessaires à leur salut et procurer aux pauvres les remèdes.Comme aussi en l'an 1678 où les fièvres chaudes venues du siège de Limbourg, dépeuplèrent la ville. Des milliers de gens mouraient et l'on ne voyait que ces bons Pères nuit et jour à consolation des malades.

           C'est à bon droit qu'on les appelle les Apôtres de cette ville, tant par leur zèle de charité que par la sainteté de leur vie apostolique. » Les Notices Historiques, première série, p. 27, disent que:
« plusieurs des Pères Récollets furent en 1678 victimes de leur dévouement, et qu'en d'autres temps on les vit diverses fois aider les habitants à repousser des bandes de pillards exerçant leurs déprédations dans le pays. »

          Si au milieu de tant de labeur ils défendaient aussi nos murs, c'est qu'ils avaient de même aidé manuellement à les construire. La venue des Pères avait eu lieu à Verviers, alors que l'on était près de l'entourer de défenses solides.La localité était sur le point de conquérir enfin son titre de ville, mais son importante ceinture s'accomplissait en grande partie par corvées et les Récollets y prirent une part fort active.

        « Depuis la porte d'Ensival jusqu'au vieux Stordeur à l'huile, estaient des walles de terre bien gazonnés et palissadés faits par les Pères Récollets, assistés des bourgeois; comme aussi la distance depuis la porte de la Pêcherie jusqu'à celle de Limbourg, etait aussi gazonnée et palisardée par lesdits Pères. » (MS Berg.) Ledit Stordeur est actuellement le moulin Vandresse.
Cependant ce n'était pas assez pour nos religieux d'avoir concouru à élever ces remparts de même qu'à les défendre, ils devaient aussi aider à les démolir alors qu'ils s'achevaient à peine.

            En 1676, les Français ayant assiégé et pris la ville de Limbourg, obligèrent nos ayeux à raser leurs fortifications, dont ils étaient si fiers, et pour lesquelles ils avaient épuisé toutes leurs ressources.
Il fut ordonné de faire sauter tout ce qui ne pouvait être lestement abattu, tel sort fut assigné à la tour qui s'élevait au faîte des Mezelles en la prairie dite Martin. On l'avait surnommée Tour aux Rats.
Les Récollets craignant que les débris lancés par les mines ne détruisissent leur maison, adressèrent une supplique au comte d'Estrade alors gouverneur de Maestricht pour la France, afin d'être admis à raser eux-mêmes l'édifice condamné. 

                Le susdit gouverneur avait en janvier 1674 parcouru le Franchimont lors de l'occupation alternative des armées alliées et impériales et avait assisté au pillage de Theux y faisant prisonnier nombre d'officiers allemands. Pendant ce temps, les impériaux qui occupaient Verviers, avaient envahi le couvent des Récollets « y tenant prisonniers le comte de Corbelly et deux autres nobles officiers avec deux capitaines, qui firent rançon à Maestrich pour 3,000 écus. » (Ms Berg.)

               Dès que l'église des Récollets s'était vue dédiée, l'on y établit l'an 1651 en l'honneur de son vocable, une Confrérie du Très Saint-Sacrement à laquelle s'associa la population de Verviers toute entière. En 1687, le P. Godefroid Delvaux, de notre ville, homme très éclairé, donna un lustre extraordinaire à cette association. Cet important concours permit aux Récollets de déployer à ce sujet un entrain inconnu jusqu'alors parmi nous, en fait de solennités religieuses
.
                Une occasion favorable de faire montre de goût en ce genre, fut la canonisation faite par le Pape Clément IX, d'un saint de leur ordre, Pierre d’Alcantara. « La solennité fut annoncée pour le 24 octobre 1669 avec octave, messes solennelles, prédicateurs nouveaux chaque jour, etc.
Une foule innombrable s'y rendit: l'on organisa deux magnifiques processions parmi la ville avec les figures et représentations de la vie du saint.

               Jamais cette ville n'avait veu si belle solennité ni ouy si bonne musique . Le seigneur prince de Nassau, gouverneur de Limbourg, portant le collier de la Toison d'Or y vint avec toute sa cour, ses trompettes et timballes, il suivit le Vénérable. Le soir on fit de grands feux par les rues et des illuminations parmi les fenêtres des maisons.

               La même fête se reproduisit encore en septembre 1691, au sujet des canonisations de Jean Capistran et Pasqual de Baïlon. « (Ms Berg.) Cependant cette prospérité dont étaient entourés les PP. Récollets, se couvrit de quelques nuages pendant les années 1658 à 1664, par la venue en notre ville de nouveaux religieux, Carmes et Capucins.Les premiers occupants mirent tout en oeuvre, pour s'opposer à leur admission, mais nous croyons ne devoir donner des détails sur ce conflit qu'en parlant d'autre part de ceux qui le provoquèrent.


RÉCOLLETS, AUTEURS AU 17e SIÈCLE

               D'entre les Récollets se livrant à l'enseignement à Verviers, plusieurs joignirent l'exemple aux préceptes littéraires en publiant le fruit de leurs études. Le Père Valentin Marée, dont le lieu de naissance est inconnu, jouit auprès de nos devanciers d'une réputation méritée de piété, de science et d'aménité.« Il résida successivement dans les trois maisons de son ordre à Liège, à Boland et à Verviers, où il fut vicaire et maître des novices. » (Biog. liégeoise.)

               Il publia en 3 volumes in-4° le: Traité des conformités du disciple avec son maître, c'est-à-dire de saint François avec J.-C. Chaque tome eut sa dédicace dont l'auteur favorisa les principaux protecteurs des trois couvents qu'il avait habités.La première partie parut le 11 septembre 1656 comme hommage à Anne de Barbieux, veuve de Guillaume de Caldenbourg, haut drossard du duché de Limbourg; la seconde à Messire Fredéric de Marselier, seigneur de Parcy et autres lieux; et la troisième fut dédiée aux membres du Conseil Municipal de Verviers, en 1660.

             L'auteur y représente aux membres de cette magistrature que Dieu ne les a mis si haut que pour mettre les vices en bas. « Afin de parvenir à ce but, vous devez (leur dit-il) marier la justice avec la miséricorde, et la miséricorde avec la justice. » Le P. de Bure qualifie cet ouvrage de très rare, singulier et original.

             Il est probable que Marée vécut à Boland et à Verviers sous le gardianat du P. Barthélemy Deschamps, liégeois, qui fut gardien en ces deux résidences avant d'entreprendre son voyage en Terre-Sainte. Deschamps partit de Liège le 3 mars 1666, avec le P. Macide de Rorde professeur Récollet, était à Nazareth le 12 janvier 1667 où il reçut l'ordre d'aller à Sidon comme supérieur de la résidence des Cordeliers et commissaire de ce quartier.

              Le 1er Avril il fut mandé à Rama. Le P. gardien de Jérusalem le destinait pour le Caire, comme curé des négociants français, mais la santé du P. Deschamps s'altéra. Il reprit le chemin de l'Europe le 20 Août 1667, et arriva sans avoir touché terre, à Marseille le 8 Octobre suivant, bientôt il revit Liège où dix années plus tard il publia: Voyage de la Terre Sainte et du Levant, par le P. Barthélerny Deschamps, Récollet de la province de Flandre. « Cet ouvrage est estimé pour son style et l'exactitude de ses descriptions. » (Biog. liégeoise.)

          Peu après, le Récollet Mathias Hauzeur, né à Herve en 1590, illustrait son ordre par le célèbre colloque de Limbourg, qui eut lieu le 19 Avril 1633, en présence d'une foule considérable de personnages de tout rang, dans lequel il confondit les agents du protestantisme établis en ladite localité. Cet éloquent défenseur de la foi mourut à Liège le 12 Novembre 1676, âgé de 86 ans, laissant diverses œuvres de mérite, entr'autres:
1° Les actes de ses disputes.
2° Un traité intitulé Exorcismus catholicus magni spiritus hoeretici aculens ecclesiasticus.
3° Un traité contre la doctrine de Jansenius, titré: Anatoimae Sancti Augustini.

            « En 1677, Georges Tirsay, excellent professeur de philosophie de l'université de Douay, expirait à Verviers » (Biog. liégeoise), où sans doute il enseignait au collège. Un travail ou livre dit de saint Antoine, que les PP. Récollets publièrent avec un subside de nos édiles en 1690 et dédièrent aux magistrats et bourgeois de Verviers, était sans nul doute oeuvre de l'un de nos religieux.




                         S'il n'y avait eu qu'une voix pour applaudir aux faits et gestes des bons Pères, pendant tout le cours de XVIIe siècle qui allait s'achèvant, un fait merveilleux était assigné par la Providence pour donner un relief nouveau, une suprématie incontestée à leur église.

                      « Le 18 Septembre 1692 (dit le Ms Berg.), se produisit en cette ville un gros tremblement de terre qui abattit plusieurs cheminées, environ deux heures et demie après-midi, et vers les quatre heures encore une forte secousse. Ce fut ce jour et à ce moment qu'arriva ce prodigieux changement à l'image de N.-D. au portail de l'église des Pères Récollets à Verviers. »
Ces commotions vinrent jeter l'effroi parmi notre population qui toute entière descendit dans les rues, se porta vers les places, les églises et fut grandement étonnée à la vue du prodige qui s'était opéré à la façade de l'église du Très­Saint-Sacrement.


                    La statue de la Vierge qui s'y trouvait exposée au dehors de la façade, aux regards de tous, venait de s'y présenter dans une pose toute différente de celle que son galbe offrait avant la secousse.

           Vierge Noire de Arnold Henrard sur l'ancienne façade comprise dans le sanctuaire


                                                                               
                                                                                                                   Copie de la Vierge
                                                                                                            dans la pose d'AVANT le miracle


























                De ce fait nous ne redirons pas les attestations signées des noms les plus recommandables, apostillées par les bourgmestres et échevins de l'époque, publiées en 1697, et dont les originaux réimprimés en 1853, existent aux archives de l'hôtel-de-ville. Chacun connaît ces œuvres, cependant citons le narré inédit d'un témoin qui semble oculaire, l'auteur du Ms Berg., disant:





























Dès que la première république française eut mis pied sur noire sol, ses représentants y furent lancés de toutes parts; le Franchimont reçut à ce litre les citoyens Vaugeois et Hébert qui destituèrent et abolirent tout ce qui avait ordre ou grade.
Le 7 Octobre 1792 les troupes françaises ayant dépouillé les églises de Liège les livrèrent aux plus vils usages. Celles de Verviers subirent bientôt le même sort.
Quant au couvent des Récollets, il fut transformé en hôpital militaire; le local du collège en boucherie, et en 1795 en caserne de gendarmerie y compris le magasin à fourrage, lequel excita les réclamations du quartier. Heureusement l'église ne fut ouverte qu'aux malades, et leur servit de promenoir.
La chapelle de la Vierge fut destinée è servir de forge, des fourneaux furent construits entre les deux piliers soutenant la galerie, des tuyaux s'élevèrent passant à travers les fenêtres et pendant plusieurs mois, cette enceinte vénérée ne désemplit de chevaux à ferrer ou de chariots défectueux.
La grosse argenterie des autels et de l'édifice avait pu être garée de la rapacité des soldats, mais dès leur apparition, on les avait vu se disputer les ex-voto décorant les parroies de la chapelle. Cette scène s'était passée sous les yeux des religieux.
L'un des pillards osa même porter les mains vers la statue miraculeuse pour lui arracher sa couronne et son sceptre, niais le gardien lui observa que ces ornements étaient en cuivre, pour cela ils furent laissés; longtemps après on reconnut qu'ils étaient en vermeil.
Malgré la terreur et la répulsion qu'inspiraient aux serviteurs de Marie la tourbe profanatrice et turbulente établie en cette enceinte pieuse, les femmes, les vieillards ne cessèrent de venir s'agenouiller dévotement aux abords et jusque dans le sanctuaire, affrontant les blasphèmes et imprécations qui ne manquaient jamais de les assaillir.
Le service divin ne s'y célébrait plus, cependant l'un des Récollets, le P. Augustin Clément, préfet des études, encouragé par la présence des fidèles se hasarda d'y célébrer la sainte Messe un dimanche, pendant que les fourneaux activés mieux que jamais emplissaient la chapelle d'une fumée si épaisse que le prêtre fut longtemps avant de pouvoir commencer le saint Sacrifice.
Quant à l'intérieur du couvent et de l'église, ils restèrent à peu près intacts et les PP. y continuaient leur oeuvre dévouée envers les malades dont et établissement était rempli.
En l'année 1792, l'émigration de nos principaux concitoyens s'étant produite, plusieurs de nos religieux et prêtres s'étaient de même enfuis afin d'échapper aux mauvais traitements dont on les accablaient. Alors le Père Archange Guittard prit en mains les fonctions pastorales délaissées par l'émigration du curé Henri Dauchapt. Plusieurs fois le saint homme portant le Viatique fût poursuivi et sabré par des dragons du 10e régiment, alors en ville, heureusement il réussit chaque fois à leur échapper.
L'arrêté de d'Adon touchant la régistration des morts, naissances et mariages dans les communes abandonnées par leurs curés, porte :
La commune de Vervier authorise provisoirement le citoyen Archange Guittard à se conformer à l'arrêté ci-dessus repris et d'en remplir les vues.
Fait à la commune, le 10 Brumaire (1er novembre 1792).
(Signés) H. HAYEBIN, H.-F. SIMONIS, A.-J. HANLET & H. DETROOZ. »

Le 2 Mars 1793, les armées des alliés remportèrent un avantage signalé à Attenhoven; les troupes françaises abandonnèrent alors le pays de Liège non sans y commettre les plus pénibles excès, et le 21 Avril suivant S. A. le Prince Evêque reprenait possession de son siège.
Une paix durable semblait acquise, partout l'on rendit à Dieu des actions de grâces, les souillures des églises furent effacées, le concours des fidèles sembla les dédommager de leurs pertes et la chapelle N.-D. apparut bientôt plus brillante qu'auparavant.
Cependant, le 20 Juin 1794, le général Jourdan, à la tête de l'armée de la Moselle, avant vaincu les Autrichiens commandés par le prince de Saxe-Cobourg, a Fleurus, les Français reparurent en notre pays.
Le 20 Septembre suivant, ils rentrèrent à Verviers et comme un torrent dévastateur, envahirent tout ce qui appartenait aux corporations; les posseseurs en furent chassés, les églises dépouillées de tout ce qu'elles contenaient de précieux; meubles et immeubles furent enfin vendus à vil prix.
Cependant des Récollets ne voulurent point abandonner cette scène si désolée, croyant pouvoir reprendre leurs cours interrompus. Comme professeurs, ils invoquèrent les services que leur ordre avait rendus pendant deux siècles et offrirent ceux qu'ils pouvaient livrer encore; il ne leur fut accordé qu'un délai pour se disperser.
Quelques jeunes gens qui leur étaient restés fidèles se présentèrent un jour afin de recevoir encore leurs leçons et servir une messe clandestine, ils les trouvèrent sous l'habit séculier. Le gardien remarquant leur surprise leur dit:
« Ne vous étonnez, pas mes amis, nous venons de recevoir l'ordre formel de ne plus paraître aux yeux de personne à moins d'être vêtus à gens! »
En effet un crieur public battant le tambour parcourut la ville plusieurs jours consécutifs faisant savoir à chacun la singulière décision s'appliquant à tous les ordres religieux. Cette mauvaise plaisanterie s'ajoutait sans nul doute à l'arrêté officiel.
En 1796, le nombre des P. Récollets résidents était réduit à 12, lorsque fut prononcée leur expulsion de cet édifice que leurs prédécesseurs avaient élevé en grande partie de leurs mains, leur riche bibliothèque fut gaspillée et le culte de nouveau suspendu dans leur église.
Cependant, par ce respect qu'inspirent les choses vraiment saintes, l'on se hâta de préserver la chapelle des atteintes nouvelles, en la réclamant comme propriété des habitants et de la ville.
L'appui des Magistrats ne fit point défaut à ce voeu, non plus que la fervente persistance de feu l'abbé Magnée et des autres prêtres de la ville.

LISTE DES RÉCOLLETS PRÉSENTS L'AN 1795.

Voici les noms de nos Récollets que la spoliation trouva fidèles à leur poste:

1. Le Père Léonard de Moulin, né à Verviers, ex-gardien et alors définiteur, c'est-à-dire ayant passé par tous les grades de son ordre. Il avait été vicaire au couvent de Liege et pater aux Clarisses pendant 4 ans. Il mourut à Verviers dans son ex-couvent, le Jeudi-Saint de 1803.
2. Le P. Léonard Piot, de Maestricht, alors gardien; il retourna dans sa ville natale et y mourut de langueur.
3. Le P. Nicolas Mauhin, de Verviers, prédicateur stationnaire à notre paroisse Saint-Remacle; il y mourut vicaire en 1814.
4. Le P. Léonard ... du titre de discret ou conseiller du gardien.
Il avait occupé le gardianat de Waremme et fut prédicateur stationnaire à Petit-Rechain.
Sa mort arriva subitement sur le Thier de Hodimont lorsqu'il revenait de ses fonctions pieuses et au moment où l'évacuation de son couvent était prononcée.
Les Pères E. Dejardin et N. Mauhin allèrent reprendre son corps et vinrent l'enterrer dans leur cloître malgré les édits de la république. Ce fut le dernier qui jouit de cet avantage.
5. Le P. Etienne Leboutte, d'Ensival, chantre, professeur, prédicateur stationnaire à Saint-Remacle, retourna mourir au lieu natal.
6. Le P. André Roland, de Liège, professeur de poésie, de philosophie, de rhétorique et directeur du Tiers-Ordre.

                Les Récollets changeaient de nom de baptême en entrant dans l'Ordre, or le P. André avait un frère, suivant à Liège la même règle. et ils échangèrent les leurs le jour de leurs voeux, le premier de notre religieux était Charles Bauduin. Ce digne Père avait voué sa vie à Dieu et à l'enseignement; dès la suppression de sa maison de Verviers, il se rendit au collège Marie-Thérèse à Herve, qu'il dirigea jusqu'en 1808.

                 A cette époque il fut question de reconstituer le corps professoral en notre ville, le Père André revint s'y fixer dans l'espoir d'en faire encore partie.
Il se présenta comme prêtre, M. J.-B. Ortmans le reçut en sa maison; notre population connaissant ses capacités l'accueillit avec faveur et les talents du protégé reçurent bientôt une application nouvelle, par la création du collège impérial dont il fut nommé directeur en 1809, et en même temps professeur de poésie et de rhétorique. Il sut s'y concilier comme toujours l'estime de tous et servit ainsi de trait­d'union entre l'instruction ecclésiastique et laïque en notre ville.

              On sait que le collège restauré avait été transporté au couvent des religieuses Sépulchrines et que son titre d'Impérial fut changé en 1815 en celui de Royal. Le P. Roland y portait le vêtement séculier et avait précieusement conservé son costume de Récollet, priant ses intimes de l'en revêtir à sa mort, mais il fut impossible de retrouver sa chère relique lorsqu'il expira le 18 Mars 1823, son oraison funèbre fut prononcée par G. Petitbois son élève (qui mourut curé de Herve le 14 Septembre 1852).

              Les profondes connaissances de Charles Bauduin Roland, unies à un talent mué pour la poésie, rendirent son commerce des plus agréables et ses services comme professeur féconds et appréciés. Nombre de ses élèves devinrent des hommes d'élite qui ne cessèrent ou ne cessent de le citer avec toute la vénération due à ses mérites, témoins feu le Bourgmestre David, les savants Christiand, Courtois, Massau, le docteur Lejeune, et, de nos jours, entr'autres, l'auteur de la Cinéïde et Monseigneur N.-J. Dehezelle, évêque de Namur.

7. Le P. Ernest Dejardin, de Ciney, devint vicaire de Petit-Rechain, et mourut à Verviers le 6 Novembre 1829.
8. Le P. Servais Augereau, de Verviers, fut vicaire à Theux et mourut marguiller de notre paroisse Saint-Remacle, 1814.
9. Le P. Archange Guittard, de Prum, professeur, stationnaire à Saint­Remacle, préfet des études en 1789, et curé de notre ville par interim, comme on a vu plus haut. Il fut vicaire à Bodeux en 1803.
10. Le P. Augustin Clément, préfet des études en 1792, était né à Sittard et devint précepteur à Rotterdam.
11. Le P. Roch ..., sacristain.
12. Le P. Louis Lincez, de Verviers, il fut l'un des plus brillants prédicateurs en notre pays à la fin du dernier siècle. Une facilité prodigieuse jointe de vastes connaissances et à l'élégance de sa diction lui valurent le surnom de bouche d'or.




Il résida longtemps dans la maison de son ordre à Liège; nos Princes Evêques appréciant son mérite aimèrent à l'entendre et pour mettre ses talents à l'épreuve lui indiquèrent souvent le sujet du sermon au moment où il allait être prononcé.

           Lors de la dispersion de ses collègues de Liège, il revint au couvent de Verviers en qualité de Récollet prêtre et fut prédicateur à Saint-Remacle (4)
Certain jour, au temps des troubles révolutionnaires il revenait d'avoir accompli ce devoir, quand passant derrière le Rain, qui alors, en face de la rue des Raines, présentait un rocher à pic descendant vers le canal, de là, le Père Lincez fut précipité sans que l'on put découvrir l'auteur de ce méfait.

             Tout meurtri de sa chute, il eut cependant assez de force pour se cramponner au mur du biez afin de soutenir sa tête au-dessus des eaux; un laveur de laine l'aperçut et le délivra de ce péril. Le P. Lincez après un long évanouissement se ranima mais pour ne recouvrer jamais la raison, malgré les soins touchants dont il fut l'objet de la part de ses compagnons du couvent de Verviers. Il mourut le 26 mars 1800, âgé de 49 ans.

                  13. Les servants étaient au nombre de cinq, les derniers furent Frères Joseph Delwaide, de Verviers, portier, ex-sergent-major au régiment Vierset; Pascal... de Henri-Chapelle, cuisinier; François... id.; Philippe.... ...jardinier, venu du couvent de Spa; Simon .... id., et Nicolas Demarteau, né à Stembert, quêteur.Afin de précipiter leur départ, l'on imagina divers moyens, entr'autres plaisanteries du goût de l'époque, par une belle nuit l'on éleva, au moyen de sangles, un âne à l'étage du dortoir et dans les corridors l'on se livra à des cris, â une course si bruyante que les pauvres religieux réveillés en sursaut crurent un instant que la maison s'écroulait.

                  Une autre fois l'on alla s'y permettre tels propos envers le P. Gardien, que celui-ci de haute taille et de force herculéenne saisit l'insolent et lui eut fait un mauvais parti si les secours ne fussent arrivés à temps pour le délivrer des étreintes du P. Piot, réputé alors le plus adroit et le plus bel homme de notre ville. Après cette scène, ce chef se retira au grand regret de notre jeunesse studieuse dont il avait su stimuler et soutenir le zèle jusques dans les plus mauvais jours.

               Les dernières preuves de dévouement qu'il fut admis à donner ainsi que ses religieux à notre population, desservirent ces jours de désolation, de famine et de mortalité de l'hiver 1794 surnommé le mauvais, et resté comme un effrayant souvenir dans la mémoire des contemporains de cette époque néfaste. Le Récollets comme en tout temps s'y multiplièrent pour y porter secours.
Ceux d'entre eux qui possédaient encore quelques ressources, les épuisèrent en ce moment, comme offrande à l'humanité qu'ils n'avaient cessé d'éclairer, de secourir, et cela avant de dire un dernier adieu à leur saint asile.

              Cependant l'ex-gardien Demoulin ne pouvant se faire à cette séparation, sollicita la faveur de finir ses jours en la cellule où il avait passé presque toute sa vie, ce qui lui fut accordé par le propriétaire. Ainsi se termina l'existence d'un établissement d'instruction seul existant alors en notre ville, auquel durent leurs connaissances les générations de deux siècles, duquel sortirent nos célébrités industrielles et littéraires, dont la plupart furent mises en lumière par les recherches et matériaux fournis à la Biographie Liégeoise par notre savant bibliophile Jean-Laurent Massau.

LISTE DES GARDIENS.

Nous regrettons de ne pouvoir offrir ici une liste complète des gardiens de nos Récollets, la perte ou l'absence de leurs archives a rendu ce désir irréalisable jusqu'à ce jour; cependant voici chronologiquement indiqués ceux d'entre ces chefs rencontrés dans les matériaux de la présente notice

Bonaventure Bidard, fonda l'établissement, 1627

Clement de Bargiband, érigea la statue de N.-D., en 1664

Barthélémy Deschamps, visita Jérusalem en 1666

Paul de Croix, cité aux lettres des archives, 1683-84

Hubert Dodémont, nommé en une déclaration concernant le miracle, et faite le 6 Décembre 1692

Jacques Silvius, publia la notice sur le miracle en 1697

Il signa cette même année les attestations manuscrites conservées à l'hôtel-de-ville, avec ces titres: Frère Jacques Silvius, notaire apostolique et gardien du couvent des RR. PP. Récollets.
Dans la reproduction de ce travail, faite en 1853, le nom de J. Sylvestre est donné par erreur à ce gardien; 
.
F. J. T. Fromanteau, de Hodimont, signa l'inventaire de la chapelle en 1760

F. Michel Bacquet, de Verviers, souscrivit le compte rendu de 1761

P. Pascal Ancion, né à Fraipont, mourut gardien en 1785

Il était docteur en théologie et sa mémoire vénérée se conserve encore parmi la population de notre ville.
Pendant son long et laborieux gardianat, il acquit à sa maison et à son ordre une série de succès par l'établissement des Calvaires, Stations ou Chemins de la Croix, dont il dota d'abord son église. Ensuite il étendit cette pieuse institution à tout le pays de Liège et à l'Ardenne. Le Ms Idon nous apprend que « le 18 Juillet 1762 le R. P. lecteur Ancion, bénit les Stations à l'église d'Ensival. »
Les ouvrages qu'il fit paraître sont encore dans les mains de personnes dévotes à cette pieuse pratique. La Biographie Liégeoise en a reproduit les titres Ils sont:

1° Instructions historiques sur les principaux points qui concernent les 14 Stations dit, Chemin de la Croix, avec les Abrégés des Bulles que les Papes Benoit XIII et Benoit XIV ont accordées pour l'extension et la confirmation des indulgences des Stations originaires de Jérusalem. Liege, Kints 1764, in-12.

2° Réflexions sur divers points de la morale et de mystères. Liege, Plomteux 1766

3° Le Chemin de la Croix divisé en XIV Stations, depuis le prétoire de Pilate, jusqu'au saint Sépulcre du Sauveur, avec un cantique sur les principaux mystères de l'enfance et de la vie de Jésus-Christ. Liège, Plomteux 1769.

4° Méditations divisées en 12 exercices sur les XIV Stations du saint Chemin de la Croix, enrichies par les Souverains Pontifes de toutes les indulgences des Stations des lieux saints de Jérusalem, que l'on peut gagner dans les églises des PP. Récollets et ailleurs où elles sont érigées; avec 14 belles gravures de Belling. Liege, Plomteux 1773, in-8°.
Il existe aussi du P. Ancion des sermons publiés d'abord séparément, puis réunis en un volume divisé en deux parties, le tout imprimé à Liège par Everard Kints et Clément Plomteux 1766 et 67, in-12.

             La première partie contient 32 sujets intitulés les uns Abrégé du sermon, d'autres: Réflexions tirées du sermon fait aux tierçaires de la Congrégation érigée au couvent des FF. Mineurs Récollets à Verviers.

           La première porte la date du 6 Juillet 1766; et la dernière, 1er Mai 1767 Les deux premiers sujets sont terminés l'un par douze vers et l'autre par huit.

              L'approbation est jointe à chaque pièce; celle intitulée Réflexions sur les principaux points de la Passion de N.-S. -J.-C., porte le nom de Pascal Ancion, lecteur de la sainte Ecriture, 1er Avril 1767. La seconde partie contient aussi des réflexions mais sans dédicace.
Celle datée du 30 Avril 1767 porte de même le nom de l'auteur. Il peut se faire que cette partie de l'ouvrage soit le travail cité par M. de Bec de Lièvre sous le titre de Réflexions.
Au savant et pieux gardien Ancion, succéda le P. Léonard de Moulin, né à Verviers.
Les élections au gardianat avaient lieu tous les trois ans, mais les sujets étant rééligibles, ce dernier fut revêtu trois fois de ce grade.

          A son avènement, le personnel du couvent était au grand complet, c'est-à­dire que pendant les offices, les quarante-six stalles du choeur étaient occupées par les Pères de la maison. Laquelle comptait en outre habituellement quatre Frères servants.
Saumery confirme ce nombre en disant que cet établissement pouvait contenir 50 personnes. 

          Léonard de Moulin céda enfin son siège à Léonard Piot, de Maestricht dépossédé en 1798, et dernier chef de cette communauté bienfaisante dont les membres virent se briser leur pieuse mission en traversant la tourmente révolutionnaire.

LISTE DE NOMS CITÉS EN DIVERS ÉCRITS & OUVRAGES.
En outre des religieux et gardiens précités, nous trouvons d'autre part d'abord les quatre fils de Colin de Rechain, de Verviers:

Pères Richard, Martin, Pierre et Frère Nicolas.
P. Valentin Marée, auteur du traité noté ci-dessus et terminé l’an 1660
Les trois frères Mangay, de Verviers, fils de Toussaint qui mourut en 1679
P. Simon le Bourguignon, professeur de théologie en 1679
P. Englebert professeur de théologie en 1679
P. Godefroid Delvaux, de Verviers, directeur de la Confrérie du Très-Saint-Sacrement en 1687
Frère Léonard Gomzé, nommé en une déclaration du miracle, faite en 1692
F. Remade Lepas, Récollet laïc, âgé de 41 ans, alors qu'il déposa dans les déclarations de l'année 1696
P. Martin de Rechain, âgé de 69 ans, id. 1696
P. Théodore Monsen, âgé de 54 ans, id. 1696
P. François Hacray, âgé de 34 ans, id. 1696
P. Henri Delvaux, cité au Recès de 1690
avec les titres de vicaire et stationnaire à Verviers; et en une déclaration datée de Liege 1696
où il est dit prêtre prédicateur en cathédrale et secrétaire du R. P. Provincial. 1696
F. Henri Mathieu, tertiaire conventuel, collecta pour abriter la statue en 1698
P. Guillaume Simar.
P. Jean Graffart.
F. Antoine Robet, architecte de la chapelle N.-D., élevée en 1700
F. André Grivegnée, professeur de figure, signa des prix décernés en 1739 & 40
F. Laurent Henrotte, professeur de figure, signa des prix décernés en 1744
P. Arnold Biolley, de Verviers; vu ses mérites, la communauté lui offrit dès son entrée le gardianat, mais il sollicita comme grâce d'être visiteur des malades, charge qu'il remplit avec un dévouement sans bornes jusqu'à la fin de ses jours.
P. Grenade, assassiné à Waremme par le médecin malade qu'il soignait en 1755
P. Raphaël Hubignon, professeur de littérature, signa des prix en 1756
P. Louis Mauhin, professeur de littérature, signa des prix en 1756
P. Herman Thys, professeur de langues, signa des prix en 1787
P. Isidore Bragarde, de Verviers, fils de François-Joseph, auteur des comédies rappelées plus haut; il mourut a Sittard.
F. Gilles Delchambre, de Baneux.
P. Dieudonné .... de Bastogne, organiste très-renommé à la fin du dernier siècle.
P. de Herve, de Verviers, prédicateur et savant distingué, cité aux Notices Historiques, t. 1, p. 77.
P. Arnold Dejardin, de Verviers, auteur de quatre graduels manuscrits sur velin, d'une grandeur et d'un travail remarquables.
P. Florent Chausette, de Verviers.
P. Gabriel Tignée, de Verviers, chantre.
p ... Closset, de Verviers.
P. Servais Adam, fut curé à Neufville, en Condroz, mourut à Seraing.
P. Clément ..., lecteur.
P. Ambroise ....
P ..... Henuset.
P. Antoine ... de Liege.
P. Lambert Hagneux, de Liege, fut curé à Saint-Remacle, faubourg d'Amercœur, et mourut pater de la maison des Orphelines, à Liège.
P. Bonaventure Hagneux, de Liège, était avec son frère vicaire à la même église Saint-Remacle, et le suivit à la susdite maison des Orphelines.
P. Gaspard l'Ange, sorti du couvent de Verviers le 15 Juillet 1794, nommé en une pétition des archives communales.
Des Récollets ayant habité la maison de Verviers, les derniers probablement firent deux de nos concitoyens

1° Le Père Justin Devaux, qui, pendant l'émigration, fut choisi pour précepteur des enfants de l'archiduc Charles d'Autriche. Il s'acquitta de ces fonctions honorables avec tant de mérite et de zèle que les marques d'affection les plus flatteuses lui furent présentées; mais le désir d'habiter sa patrie l’y ramena au grand regret de ses illustres élèves. Le Père Justin se fixa à Liège où sa réputation d'orateur des plus distingués s'était développée et maintenue. Il y fut reçu en qualité de vicaire de Saint-Jacques, ensuite les postes les plus désirés lui furent offerts; mais, son exemplaire modestie lui fit constamment décliner tels honneurs. Cependant on le revêtit du grade de chanoine titulaire de la cathédrale de Saint-Paul. Il mourut dans ces fonctions, après avoir distribué aux pauvres les biens acquis pendant son séjour à Vienne.

2° Le Père Hyacinthe Renson, d'abord appelé à la cure de Ciney, devint chanoine titulaire de la cathédrale de Saint-Aubin à Namur.
Son dévouement et sa piété lui valurent, de la part de ses confrères, le surnom de Sanctissime. En 1832, il revint en son ancienne église prêcher aux fêtes de la Portioncule, et mourut à Namur.
L'on sait que les Récollets étaient nommés Pères lorsqu'ils avaient reçu l’ordre de prêtrise, cependant par humilité tous se signaient Frère, comme on l'aura remarqué même pour les Gardiens: c'est pourquoi dans la précédente liste d'entre ceux qui portent le second titre, il en est qui possédèrent peut-être le premier, ces noms étant pris en partie de pièces signées de leurs mains.


DÉBOIRES DES RELIGIEUX A LA FIN DU DERNIER SIÈCLE.

             Voici le sens de quelques actes officiels les concernant et émis pendant les dernières années de leur séjour parmi nous.
Des travaux du Congrès de Polleur, créé en 1789, surgirent les vœux solennels des habitants des communes de Theux et de Spa. Ces vœux émis le 23 Décembre 1792 portaient à l'article 12:
« Les biens, revenus des Evêques de Liège ou Chapitre cathédral des soi-disant états de Liège et toutes les cures, chapitres, monastères et couvents, de même que tous autres biens connus sous le nom d'ecclésiastiques, sont censés appartenir au peuple et lui appartiennent en effet, à charge de payer les justes indemnités et les autres droits qui seront trouvés être dûs sur ces biens. »

              Une contribution de 10 millions ayant été imposée par la république, les maisons religieuses furent autorisées à faire des emprunts pour satisfaire pour leur part à cette exigence. Dès lors, la position des religieux devint à chaque instant plus pénible.
Le 28 Avril 1795, il en fut fait un recensement par la municipalité, le procès­verbal porte entr'autres objets:
Nous nous sommes transportés dans la maison des Récollets où le Gardien nous a dit être au nombre de 12 Pères, et cinq Frères, et six émigrés dont deux doivent être dans la communauté de Liège.
(Siqné) F. LÉONARD PlOT, Vic.

Le 20 Mai parut la défense de faire des processions en dehors de l'enceinte des églises.

Le 10 Novembre fut annoncée la location des couvents.

Le 14 Février 1796 vint l'ordre de reproduire les anciens inventaires des biens et meubles.

Le 23 Juin, l'on fit savoir aux prêtres Récollets Leboutte et Dejardin que tout salaire était aboli pour prêches et messes.

Le 6 Juin, défense d'accompagner les morts en habit de cérémonie, à peine de 100 à 500 livres d'amende; de 3 mois à 1 an de prison et 10 ans de gène pour la récidive.

Le 25 Janvier 1797, il fut dressé un inventaire de tout ce que les religieux possédaient; une commission fut chargée de recueillir les objets et les déposer à la maison commune.
Le 15 Février parut l'ordre de vendre les biens nationaux.

Le 28, celui d'envoyer l'argenterie au trésorier départemental.

Le 4 Mars, de remettre les registres, baux et documents.

Le 12 mars, fut annoncée la vente pour le 17 des objets réservés.

Le 16 mars, il fut établi des assemblées primaires ou communales dans divers quartiers dits sections, disposant des édifices des Récollets, de Saint-Remacle et des Carmes.
La première (dit l'arrêté) se tiendra aux Récollets et portera le nom de l’assemblée du Martyr.
La seconde à la paroisse sera dite du Mont.
La troisième dite du Tribunal sera aux Carmes et en cas d'occupation aux Conceptionnistes.

Le 1 Mai, l'Administration centrale ayant fait un accord avec une compagnie dite Delanoy pour l'enlèvement des cloches, les citoyens Melletier et Galle, envoyés par ladite Compagnie, se présentèrent pour descendre celles de nos églises et les conduire à Liège.
La municipalité conseilla leur rachat et réclama les horloges et la clochette du collége des Récollets pour l'appel à ses séances communales.
Elle fit observer que la descente des cloches absorberait le revenu et que si les envoyés voulaient être raisonnables ils trouveraient dans la commune des citoyens qui se réuniraient pour en faire l'achat.

Le 9 Juin, il fut ordonné au Père Leboutte d'afficher deux tableaux dans la chapelle et contenant les déclarations des ministres du culte se conformant aux arrêtés nouveaux.

Le 14 Juillet, ordre définitif de descendre les cloches.

Le 16, le P. Piot fut appelé à la séance pour la reddition des comptes des Confréries.

Le 20 Juillet parut un arrêté contre l'importunité des marchandes de chandelles.

Le 5 Août le P. Piot fut invité à remettre les clefs des blocs et les comptes de ses prédécesseurs.

Le 28 Août défense de sonner le glas pour ne pas inspirer de crainte aux malades.

Le 6 Septembre, ordre au Gardien de produire le répertoire des objets de la chapelle.

Le 13, rappel de la loi du 5 (ou 19 fructidor) enjoignant aux prètres le serment de fidélité à la république.

Le 4 Octobre, réquisitoire du commissaire départemental pour l'enlèvement des croix et signes du culte.

Le 13, l'ardoisier Simar enleva celles des Récollets, et la croix de saint François, surmontant la chapelle, fut déposée à l'hôtel-de-ville comme propriété communale.

Le 23, défense de vivre en communauté.

Le 5 Décembre, il fut fait une visite pour connaître si l'on s'était conformé à l'édit sur la descente des cloches, et les Récollets ne sont point cités au verbal, parce que les leurs avaient été rachetées.
Enfin le 1 Février 1798, après spoliation complète, il fut permis à chaque grande commune de garder une cloche.

Le 3 Mai, le local de l'ex-collége, la maison du syndic, les locaux des vicaires marguilliers et clercs, furent loués au plus offrant. « Considérant que les ministres du culte romain n'avaient pas plus de droit d'être logés que d'être salariés aux dépens de la commune. »
D'entre les Récollets qui se conformèrent au règlement nouveau, art. 7 de la loi du 7 vendémiaire an 4 (28 Septembre 1795), Louis Lincez, de Verviers, fut le premier que nous voyons se présenter pour desservir la chapelle de N.-D, Gérard de Moulin, aussi Récollet, le suivit. Puis vinrent les prêtres Noël Herman, Joseph Colette, Guillaume-François Coumont et Jean-François Toquet, tous de Verviers. Cet accord eu lieu le 20 Septembre 1797, ou le 5 jour complémentaire.

Le 25 Septembre le Gardien Jean-François Piot, vint s'offrir à l'administration pour prêter le serment, ce qui lui fut refusé parce qu'il ne s'était pas présenté dans les trois jours accordés.
Théodore Dujardin, Récollet, à même demande reçut même réponse; cependant le 8 vendémiaire (29 Septembre), ils furent admis à leur désir, ainsi que d'autres prêtres retardataires, en déclarant qu'ils n'avaient exercé aucune fonction relative à leur ministère depuis la promulgation de la loi précitée.

                Le P. Nicolas Mauhin les imita le 26 Novembre suivant. L'on considéra cet acquiescement comme un acte de faiblesse, mais eut-il été plus louable pour ces pasteurs d'abandonner leur troupeau? Les articles les concernant en la susdite loi et auxquels ils se soumettaient étaient ceux-ci :

Art. 5. Nul ne peut remplir le ministère d'un culte s'il n'a fait et signé la déclaration suivante
Je reconnais que l'universalité des citoyens français est le souverain et je promets soumission aux lois de la république.

Art. 6. A peine de 500 livres d'amende 3 mois à 1 an de prison et dix ans de gêne pour la récidive

Art. 7. Tout individu qui une décade après la publication du présent décret exercera le ministère d'un culte sans avoir satisfait aux deux articles prédents subira la peine portée à l'art. 6.
Pour constater en quelque sorte un droit bien acquis, celui de l'instruction donnée, le P. Gardien pria l'administration de lui accorder un certificat déclarant que lui et les siens avaient enseigné en leur collége jusqu'au jour de l'occupation militaire. Cette demande fut accueillie le 5 Décembre " sans vouloir rien préjuger sur leur institution » dit la missive.

             Le 5e jour complémentaire an 5 (20 Septembre 1797), l'Administration et le commissaire du directoire arrêtèrent, art 2, que les couvents des Récolleis, Sépulchrines, Capucins, Conceptionistes et Récollectines, seraient désignés pour cinq écoles primaires.
Le 2 vendémiaire an 6, les citoyens aptes à l'instruction publique furent invités à se faire inscrire au secrétariat.

              Le premier qui vint s'offrir fut le Père Archange, il fut inscrit sous son nom de Henri Guittard.
Mais, ce rétablissement ou réouverture des écoles ne fut qu'un leurre pour les communautés désignées, le retrait d'autorisation eut lieu bientôt après, car le titre d'institution enseignante leur assurait la possession de leurs édifices, et le directoire voyait ainsi lui échapper ces biens nombreux et désirés.

RESTAURATlON DE L'ÉGLISE.

            Nonobstant les faits accomplis par ces années de dédain envers toute oeuvre religieuse, notre population faisait tous ses efforts pour sauver de la profanation l'église des Récollets. Ce vœu, fit comme suit, le sujet de la séance du 21 brumaire an 6 (12 Novembre 1797)

            « L'Administration s'étant fait donner lecture d'une pétition revêtue des signatures d'une quantité immense de concitoyens connus et domiciliés dans cette commune, tous pères de famille, invitant cette administration à solliciter près du corps législatif pour que par l'intermédiaire des autorités supérieures il mette à la disposition de cette commune l'église des ci-devant Récollets - pour exercer le culte catholique, le seul qui y soit professé. Observant que cet édifice, qui n'est guère propre à un autre usage, conviendrait d'autant mieux non-seulement parce qu'il est contigu à la chapelle qui appartient à la commune, mais parce qu'il est situé au centre d'une bonne moitié de cette commune.

                Observant en outre que l'art. 354 de la Constitution établissant la liberté des cultes n'a pas voulu que cette liberté devint illusoire et impraticable et c'est ce qui arriverait si tous les édifices destinés au service des cultes étaient détournés à un autre usage. Considérant que depuis longtemps on sollicite la construction d'une nouvelle église.Considérant que deux édifices sont à peine suffisants pour l'exercice des cultes.

              Le citoyen Chapuis faisant les fonctions de commissaire du pouvoir exécutif à son defaut, entendu; arrête, de renvoyer la présente pétition à l'administration centrale en l'invitant à la renvoyer au corps législatif à qui compéter et y porter toute sa sollicitude. »
Le 3 vendémiaire an 6 (23 Septembre 1797) le citoyen Lambert-Joseph Simar, ardoisier, adjudicataire locataire du couvent des Récollets, alla déclarer en la séance du conseil, qu'il destinait l'église du dit couvent, pour l'exercice du culte catholique.

             Le 6 frimaire (2 Novembre) la municipalité décerna ce paragraphe flatteur à cet édifice, à propos du rétablissement du culte:« Considérant que la ci-devant église paroissiale est celle à laquelle les personnes professant le culte catholique sont le plus attachées, après celle des ci-devant Récollets. »

            Pour le rétablissement de celle-ci la population avait adressé sa pétition le 7 Décembre, le 25 l'Administration centrale répondit que les pétitionnaires pourraient toujours se la procurer par location auprès de la Régie des Domaines.

             L'Administration communale et A.-J.-H. Chapuis, faisant fonctions de commissaire du Directoire, expédièrent cette lettre « au citoyen L.-J. Bosard, premier signataire de la pétition et aux citoyens L. Damseaux et L. Jardon, pour leurs connaissances. »
Une autre pétition collective pour les trois églises Saint-Remacle, Carmes et Récollets, reçut même réponse le 31 Décembre suivant.
Malgré ce mouvement favorable parmi le peuple, les réglements étaient sévèrement appliqués contre les religieux, d'après le fait suivant trouvé aux archives communales.

         Le 16 brumaire an 6 (7 Novembre 1797) : Charles Bauduin Roland ou Père André fut accusé « de s'être rendu dans trois maisons demander des chandelles pour son église » il fut cité à la séance du conseil, et déclara n'avoir pas cru contrevenir à la loi. Une visite domiciliaire s'ensuivit au couvent, " il y fut trouvé 37 chandelles, plus, 3 francs 13 sous et 3 liards.

          Le Conseil considérant qu'ainsi le dit Roland avait contrevenu aux lois qui défendent la mendicité, il fut envoyé au citoyen juge de paix, avec le corps du délit, pour le poursuivre s'il y a lieu. » Tout porte à croire qu'il fut absous.Il était dans la règle de son ordre d'obtenir par des collectes les chandelles de l'autel et l'huile de la lampe du choeur. Cependant les Récollets, vu leur voeu de pauvreté, ne pouvaient posséder aucun argent dans leur maison, c'est pourquoi leur syndique habitait la pièce du college donnant sur la rue, et avait charge de recevoir et de paver pour eux.

          Le 23 frimaire an 6 (11 Décembre 1797) fut affichée la vente du couvent et de l'église; elle eut lieu le 22 nivose (11 Janvier 1798) à Liege, en la salle de vente de l'administration centrale du département de l'Ourte. Elle consistait: « en la maison conventuelle située commune de Verviers, divisée en deux lots :

1° Le couvent, hangards, abbatis, cour, jardins, occupant une surface de terrain d'un bonnier, quatre verges grandes, trois petites et 140 pieds mesure décimale.

20 L'église.

             Le revenu fixé à 1500 livres et le capital à 30,000. »

                Les enchères furent ouvertes sur l'offre de 22,500 livres ou 536,000 livres en assignats.
Après l'extinction de six feux, sans offre plus favorable, le tout fut adjugé à Pierre Denis Neuville et à son command Léonard Jardon, qui fournirent chacun la moitié de la somme.
L'on a vu que les deux sanctuaires de l'église N.-D., n'avaient pas cessé un instant d'être un objet de vénération. Jusqu'en 1803, l'on était parvenu à conserver intact l'ensemble de leur décoration. Lorsqu'il s'était agi de démeubler l'église et d'en vendre les ornements, ainsi que cela s'était pratiqué ailleurs, le P. Gardien et le F. Demarteau en avaient acquis l'entièreté, qu'ils avaient cédée immédiatement aux habitants cotisés à cet effet, pour le prix auquel les meubles avaient été adjugés par le citoyen Bécard. 

              La collecte à ce sujet produisit 2665 fr. Les orgues de l'église étaient beaux, excellents et Frère Nicolas eut désiré les retenir, afin de les installer en l'église de Stembert, son village. Il crut pouvoir en disposer en remboursant leur prix d'achat, et, croyant l'affaire possible, amena divers habitants du dit lieu avec leurs attelages au-devant du parvis de N.-D., pour leur remettre l'harmonieux fardeau préalablement dépecé. A cette vue, les femmes de la place des Récollets et de la rue du Marteau s'ameutèrent entourant les charrettes, s'opposèrent à l'enlèvement et annoncèrent qu'elles ne quitteraient le terrain que quand leurs chers orgues seraient bel et bien réinstallés en leur tribune et fonctions. Ce qui eut lieu, car la foule qui grossissait à chaque instant protégea les réclamations de ces admiratrices de l'art religieux.

           L'osé de cette manifestation fut servi peu après par un incident ainsi relaté par le Ms de feu Théodore Devaux, de notre ville: Le 27 Décembre 1803, devant l'image de la Vierge, fut amenée une femme de Soumagne, elle marchait difficilement avec une béquille; quand elle eut fait sa prière, elle se leva pour s'en retourner et s’aperçut qu'elle n'avait plus besoin d'appui pour marcher. Alors on sonna toutes les cloches de la ville et l'on chanta le Te Deum en actions de grâces pour remercier le Tout-Puissant et la sainte Vierge d'avoir opéré ce miracle, dont vinrent se convaincre des milliers de personnes. »

             Ce fait émut la ville et les environs; se produisant après tant de troubles, il contribua sans doute à l'émission en cette même année de divers actes très favorables au rétablissement de l'église N.-D. La chapelle avait déjà reçu des directeurs, ils étaient MM. Hubert-Joseph Arnoldy, Mathieu Ernotte, François-Joseph Grandjean, Henri Dubois, D.-D. Dormant, Noël Servais et Antoine Gobsé, qui signèrent les collectes pour le rachat des ornements le 28 avril 1803.

             L'on a vu déjà qu'un décret de la république avait ordonné qu'il ne resta qu'une seule cloche dans chaque commune. Or, les PP. Récollets, de très ancienne date, avaient eu pour habitude de sonner la cloche chaque matin à cinq heures moins un quart, pour l'appel des ouvriers.
La défense de l'usage des cloches reposait sur les lois du 22 germinal an 4 (11 Avril 1795) et du 15 fructidor (1er Septembre 1795) interdisant toute espèce de convocation pour l'exercice du culte.
Quand apparut telle application en notre ville, nos industriels s'en émurent, de nombreuses réclamations furent adressées aux autorités, mais en vain jusqu'au 6 fructidor an 5 (23 Août 1796), alors:

            « Le Commissaire du Directoire, vu le rapport du chef du bureau de police tendant à ce qu'au lieu de la cloche du réveil, il y soit substitué un tambour qui batterait la caisse parmi toute la commune tous les jours à quatre heures du matin.
L'Administration, entendu, arrête:
De s'occuper incessamment de la nomination d'un citoyen propre à battre la caisse à moins de frais possible, et demande que ce tambour demandé nous soit livré. »

          Le Directoire fut immédiatement obéi, la livrance eut lieu en la personne d'un certain Réné Girard admis à cet office, dans lequel il débuta le 25 du susdit mois par la course quotidienne bruyante et matinale de 4 à 5 heures
Le procédé offrait nombre d'inconvénients, mais le décret le voulait ainsi, néanmoins une pétition réclamant l'ancien mode d'éveil fut signée par la généralité des habitants; elle attendit six années avant d'être admise. Voici sa teneur:

« Citoyens, Officiers municipaux!

            Notre fidélité aux lois de la république, notre soumission en celle qui ordonne qui ne reste qu'une cloche en chaque commune, n'empêche pas que vous observiez citoyens, que plus des deux tiers des habitants de cette ville obligés de se trouver à leur atelier â heures prescrites, ne pourraient néanmoins à temps marqué s'y rendre qu'à l’aide de cloches et horloges publiques. Sous cette vérité, nous venons vous représenter que la cloche et l'horloge des ci-devant Récollets de cette ville, sont d'une nécessité indispensable pour cette si nombreuse classe ouvrière.

          Ce qui nous a porté à requérir, citoyen, de vous employer avec nous pour qu'elles nous soient laissées, ne voulant en cela que le bien public loin de contrevenir à la loi.
Nous vous offrons de nous cotiser jusqu'à la valeur de l'estimation, » 
Suivent 145 signatures des habitants des rues du Marteau, Spintay, Saucy. Hodimont, Xhavée, Brassine (place Verte), place du Sablon (des Récollets).

            Le maire David accorda l'autorisation demandée et le 18 floréal an 11 (28 Avril 1803) la collecte fut faite par les administrateurs des hospices qui recueillirent 11 1/2 louis, somme remise en son temps aux sieurs Nelletier, Galle et Cie constitués pour l'enlèvement des cloches. M. Renatte Godart avait avancé cette valeur. En tête de la souscription figurent MM. Servais Kaison et Daudezeux, chacun pour une couronne, maximum des dons.

Cette pièce sans date est signée:

            Guillaume Seruvier, président; A.-J.-H. Chapuis, municipal. D'autre part il fut fait des avances à l'acquéreur de l'église pour échanger ce sanctuaire, contre l'ancien local de l'école, c'est pourquoi l'on en écrivit aux directeurs de la chapelle comme suit:
« Le 6 vendemiaire an 11 (29 Septembre 1803).

J'ai ordonné l'expertise du collége, par le conseil municipal pour en demander l'aliénation au corps législatif. Instruisez-nous des conditions et transmettez-les moi.
P. DAVID. »
Une année après se produisirent les pièces suivantes:
               A Monsieur le Préfet du Département de l'Ourte, maintenant à Aix-la-Chapelle.

« MONSIEUR LE PRÉFET,

           Nous venons de prendre connaissance par la voie de la feuille publique de votre circulaire du 11 fructidor concernant la fermeture des églises non reconnues par le gouvernement. La chapelle des ci-devant Récollets, appartenant à la commune et tombant sous les dispositions de cette lettre, nous nous empressons Monsieur, de vous adresser quelques observations à ce sujet.
L'église des ci-devant Récollets, qui appartient maintenant à M. NeuvilIe-Kaison étant contigue à la chapelle, nous avons formé le projet de l'acquérir pour en faire une église annexe. C'est ce qui a été approuvé par Monsieur l'évêque dans le cas ou cette translation ait lieu ....
Nous vous prions de suspendre l'exécution de votre lettre du 11 fructidor jusqu'au moment ou le conseil municipal ait pris une mesure quelconque pour l'acquisition de l'église des Récollets.
Salut et respect.
Vervier 24 fructidor an 12 (11 Septembre 1804).
Les membres de la Commission administrative des hospices,
(Signé) IWAN SIMONIS, P.-F. MALEMPRE, H. BIOLLEY, P.-J. DRÈZE. «

En voici les apostilles:
                  « Le Maire de la ville de Verviers déclare que l'église et la chapelle des ex-Récollets de cette ville sont indispensables pour l'exercice du culte, tant à cause de la grande population de cette commune, que par l'affluence des fidèles de celles environnantes, qui y viennent pendant toute l'année faire leurs dévotions. En conséquence, le Maire invite M. le préfet de solliciier près du gouvernement l'autorisation d'exercer le culte dans les susdites église et chapelle. M. le Préfet est en outre prié de permettre provisoirement et en attendant la décision du gouvernement, que cette église soit réouverte.

Vervier 24 fructidor an 12 (11 Septembre 1804).

P. DAVID.

Et pour la direction préposée à l'administration de la chapelle,

(Signés,) JEAN WEBER & NOEL SERVAIS. »

« Cette église serait plus utile au public pour auxiliaire que l'église des Dames du Saint-Sépulcre. Je suis d'avis que si l'on pouvait s'assurer la propriété de l'église, ce serait un grand bien-être pour l'utilité publique, de la rendre annexe de l'église paroissiale de Verviers.
(Signé) H.-J. DAIJCHAP, curé du canton de Verviers. »

               Tandis que les Administrateurs des Hospices s'adressaient au Préfet, ils reçurent ce même jour cette pièce:
EMPIRE FRANÇAIS.

Verviers 24 Fructidor an 12 (11 Septembre 1804).

                 Le Maire de la ville de Verviers aux Administrateurs des Hospices, du Bureau de Bienfaisance et aux Directeurs de la chapelle des Récollets.
Je vous préviens, Messieurs, que je viens de recevoir officiellement la lettre du Préfet aux maires, qui leur ordonne de faire fermer les églises de leur commune où l'exercice du culte n'est point autorisé par le gouvernement.

                 Les devoirs de ma place exigent que je défère aux ordres de l'autorité supérieure, surtout lorsqu'ils sont calqués sur la loi. Eu conséquence, je viens d'ordonner au commissaire de police de fermer sur-le-champ la chapelle et l'église des ex-Récollets. J'espère que cette mesure ne sera pas de longue durée, l'autorité départementale après avoir reconnu la nécessité de cette église pour l'exercice du culte dans notre commune, s'empressera sans doute d'en solliciter l'autorisation du gouvernement; mais en attendant, j'espère que M. le Préfet le permettra provisoirement.

J'ai l'honneur de vous saluer.
(Signé) P. DAVID. »

               Aussitôt l'on se mit à l’oeuvre pour terminer les négociations concernant l'échange de l'église afin de posséder un titre réel à la faveur demandée. L'adhésion des Administrateurs des Hospices fut datée du Fays 17 Septembre 1804, et signée J.-I. Franquinet.
En attendant une solution, il fut dressé un inventaire du contenu de l'église, le 19 pluviose an 12 (9 Février 1804) et un concierge fut nommé.

Voici quelques-uns des articles émis à cette occasion:

2° Ne permettre de sonner les cloches à moins que pour l'éveil des ouvriers tous les jours à cinq heures moins un quart du matin, pour Messes, Salut et cas d'incendie ou par ordre du Maire ou des Administrateurs.
3° De ne laisser monter personne à l'autel de la Vierge autre que les ecclésiastiques qui y vont dire la Messe et ceux qui servent le culte.
5° D'ouvrir l'église et la chapelle tous les jours à 5 heures du matin en été, 6 en hiver, fermer à midi, dimanche excepté. La chapelle à 4 en hiver et à 6 en été. »
Mais alors que tout reprenait un cours désiré, il fut enjoint de fermer les églises et chapelles dont le maintien n'avait pas été officiellement reconnu. De là grand émoi en ville, et le 20 pluviose an 12 (10 Février 1804), le peuple de Verviers réclama l'appui des directeurs de la chapelle, disant:

                    « C'est en conformité de la loi du 18 germinal an 10 et de l'arrêté du préfet qui en est la suite, que la vaste chapelle communale dite des Récollets vient d'être fermée.
Ce ne peut être que par une combinaison mal entendue. Vous avez été hier témoin oculaire de la désolation où se sont trouvés non-seulement les habitants des rues populeuses de Hodimont, Saucy, Spintay, Marteau, Brou, Xhavee, Place Verte et Sablon, mais encore les nombreux et paisibles cultivateurs qui depuis des siècles y viennent s'acquitter de leurs devoirs religieux, parce que le seul office que l'on fait dans leur église est insuffisant. 

                  Mais s'il existe une plaie profonde, il existe le moyen d'appliquer le beaume par votre zèle. Exhortez, priez MM. les membres de la Députation pour le remontrer de vive voix, aux dignes mandataires civils et ecclésiastiques de notre département, etc.
Suivent les signatures. »

                L'affaire en resta là jusqu'au 11 fructidor même année (29 Août 1804), alors qu'un décret rappela l'application de la loi précitée.

La Commission administrative des hospices et les directeurs de la chapelle émirent le résultat de leurs démarches le 20 fructidor (7 Septembre 1804); la tin de cette lettre que voici, donne une idée remarquable de la ferveur à cette époque:
« A Messieurs les Conseillers municipaux de Verviers.

                  Chargé par vous, Messieurs, de l'administration de la chapelle et de l'église de la Vierge miraculeuse de Vervier, nous avons traité pour le bien de la commune avec M. Neuville-Kaison pour l'échange du college contre l'église des ex-Récollets qu'il a acquise et nous espérions qu'il la céderait contre le collége. Le propriétaire ne peut céder l'église à moins qu'il n'ait outre le college, la maison du syndic des ex-Récollets appartenant aussi à la ville.
Il observe qu'elle lui est indispensable et qu'il ne peut sans cela traiter le marché, mais il offre en revanche une place pour y bâtir un quartier pour les desservants et portier, du côté de M. Arnoldy au-dessus de la porte d'entrée de sa fabrique, et d'entrer dans la bâtisse pour quelque chose.
Malgré notre bonne volonté et notre zèle pour l'intérêt commun, nous ne pouvons espérer de procurer la somme nécessaire à payer à la ville pour le college et la maison du syndic, ce qui doublerait le prix.
Nous ne pouvons aujourd'hui que vous faire le présent rapport, laissant à votre sagesse de traiter cette affaire.
Pour preuve de cette nécessité nous n'avons qu'à vous observer que la dévotion envers la dite Vierge miraculeuse est tellement répandue, qu'il y vient environ 1000 étrangers par semaine l'une dans l'autre, outre que chaque jour de fête solennelle l'affluence y est telle que 10,000; supposez 80,000 annuellement et que chacun dépense 50 centimes soit 40,000 francs. »

              Ces chiffres donnent la mesure de l'importance que l'on attachait à cette restauration et ne surprennent point quand, d'après les registres, l'on trouve pour une seule année de ces temps bizarres le prix de treize mille messes reçues et trois mille deux cents francs trouvés dans les blocs.
L'on sait que le 7 Juin 1802, l'évêché de Liege avait vu monter sur son siege Jean Evangéliste Zaepffel, le 17 Septembre 1804 une députation lui fut envoyée par les administrateurs de nos hospices; même démarche fut faite au Préfet afin de presser l'affaire en litige et l'on alla même jusqu'à espérer à cette époque que l'église N.-D. pourrait être érigée en paroisse.
La fermeture de la chapelle n'avait été qu'éphémère, un délai de deux mois fut accordé afin qu'elle procurat ses titres.

            Le 30 brumaire an 13 (4 Novembre 1804), furent préposés officiellement à sa direction, MM. Jean Weber et Noël Servais.
Nonobstant la visite de l'évêque en notre ville, le délai de deux mois étant expiré l'on reçut la missive suivante:
Liege 21 brumaire an 13 (12 Novembre 1804).
Le Préfet et Membre de la Légion d'Honneur, au Maire de Vervier.
« J'avais prévenu en son temps Monsieur l'Evêque de Liege et le Maire de Vervier, de l'autorisation que je vous avais donnée pour continuer pendant deux mois l'exercice du culte dans la ci-devant église des Récollets.
Ce prélat vient de m'écrire pour me prier de ne pas prolonger cette autorisation, attendu que cet édifice est une propriété particulière et que la chapelle qui la joint ne peut décemment servir à l'exercice du culte.
Vous voudrez donc bien donner des ordres nécessaires pour que cette église soit fermée aussitôt que le délai de deux mois sera expiré.
Je vous salue respectueusement.
DEMOUSSEAUX.

Reçu le 24 brumaire an 13 (5 Novembre 1804), à 6 heures du soir.
Le Secrétaire, Leloup.
Il y fut répondu le lendemain, et une réplique de l’Evêque de Liège fut adressée au Maire le 27 brumaire an 13 (18 Novembre 1804) comme suit:
« Monsieur,

                  M. votre curé a eu effectivement l'attention de me prévenir sur l’échangede l'église des Récollets de votre commune avec l'ancien collége et c'est avec satisfaction que j'ai appris par votre lettre du 25 que je puis regarder cette affaire comme terminée; ne doutez pas de mon zèle à répondre à vos voeux pour la conservation de cette église, la religion et la piété des fidèles y sont intéressées.
                M. le Préfet pense comme moi à cet égard, connaissant le local où se trouve la Vierge miraculeuse, je dois désirer qu'il soit pris d'autres arrangements pour ce placement et que l'accès pour arriver à l'autel soit rendu plus facile et plus décent. Il me reste à vous faire une dernière observation concernant les messes:
Dans l'état où se trouve le clergé en général il est dans l'ordre que les plus nécessiteux et les plus vertueux ayent la préférence; M. votre curé doit mieux que personne faire cette distinction.
Agréez, etc.


J.-E. EVÊQUE DE LIÉGE.
              Pour comprendre l'expression d'accès plus décent pour se rendre à l'autel insérée en cette lettre, il faut savoir que du temps des Récollets l'on n'avait accès à la galerie de la chapelle que par le couvent; aussitôt celui-ci vendu, l'on fut obligé de poser deux escaliers dans l'enceinte même dont ils envahirent l'espace en y produisant un effet désagréable, vu leur pose isolée et maladroite.
Il fut enfin décidé en Novembre 1804 ce qui suit:
La Commission des Hospices civils, en date du 18 pluviose, revu celui du Maire du 22 frimaire dernier (13 Décembre 1803), considérant qu'il est de toute urgence d'organiser définitivement l'exercice du culte dans l'église et la chapelle des ex-Récollets, arrête:
1° Les prêtres autorisés par la commission pour desservir, etc. , recevront par mois un traitement de 15 florins de Liége.
2°Pour dire messe et autres devoirs relatifs au culte.
3° Se remplacer par un suppléant agréé, en cas de maladie et lui donner 10 sous ou 60 Cmes par messe.
4° Présenter ce suppléant dans les quinze jours.
5° Paye du traitement, le 1er ou 30 de chaque mois au receveur des hospices.
6° Dire les messes tous les jours ouvrables.
7° M. Servais Augereau, ex-Récollet, à 6 heures, M. Colette, abbé, à 7 heures, Jean-Joseph Hanlet, vicaire à Saint-Remacle, â 7 1/2 heures, J.-B. Thys, ex-Carme, à 8 heures, Jacques-Alexandre Duesberg, abbé, à 9 heures, Guillaume-François Coumont, ex-vicaire de Hodimont, à 10 heures, Hanlet, à 11 heures les dimanches. MM. Colette, Duesberg et Thys, recevront chaque dimanche 10 sous en sus pour le salut et autres offices.
Augereau 20 sous pour messe le dimanche et fêtes obligées, outre le salaire.
M. Hanlet 15 sous en sus pour le même objet,
8° Défense d'accepter des fidèles, aucun argent pour messes.
9° Ce qui ne peut être perçu que par le Reçeveur des Hospices, accompagné d'un membre de la Commission.
10° En attendant la nomination d'un nouveau directeur, prépose le concierge à cette recette. - Verviers 19 pluviose an 12. (9 Février 1804).

Cet arrangement opéré, il fut fait des collectes pour que la restauration s'accomplit sans retard. En tête des listes datées du 27 Novembre 1804 se trouvent ces noms honorables:
Kaison-Devaux
5 louis.
Ve Granjean
2 id.
J.-J. Lejeune
2 id.
Mlle Hélène Kaison
2 id.
Devaux
3 id.
Cornet, soeurs
2 id., etc., etc.

               
Néanmoins, ce ne fut qu'en 1808 que l'échange définitif de l’église avec le collége eut lieu, moyennant 4,800 francs donnés à la ville et que produisirent de nouvelles souscriptions intra et extra muros; (ce collége était estimé à 11,500 frs.)
La chapelle qui avait possédé de si riches ornements était bien dénudée alors. Un inventaire de ce temps dit, qu'elle prêtait son calice d'argent à l'église et gardait pour son service un calice d'étain et une sonnette de même métal.
Le chanoine Franck lui légua enfin par testament « son calice d'argent et son surplis de batiste et de dentelle fine. »

             Ce don fut le début de nouvelles libéralités pour les deux parties du sanctuaire.
En 1809, il fut décidé d'y faire des bancs neufs et les habitants d'Andrimont désirèrent y contribuer par des dons en argent et en nature. Total 34 arbres, dix limons ou terrasses, plus 28 fl. 17 sous.
D'autres devaient contribuer par des corvées pour le transport, mais tant de bonnes intentions ne purent se réaliser; le banc modèle venait d'être exposé dans la chapelle, lorsqu'un événement déplorable, comme on verra, vint y porter la désolation.

INCENDIE, DESTRUCTION DU COUVENT ET DE L'ÉGLISE.

                     Les prêtres desservant l'église et la chapelle, tous verviétois, s'étaient ainsi que les administrateurs voués à leurs fonctions avec le zèle le plus louable et ne négligèrent nulle occasion de raviver la dévotion envers le monument restauré par leurs soins. Chacun se trouvait heureux de voir la Foi se manifester sans entraves et de retrouver l'édifice religieux de nos Récollets en son ensemble, tant les contemporains de son premier lustre y rencontraient d'heureux souvenirs.
Entretemps, l'édifice claustral s'était transformé en magasin d'abord, puis en fabrique de draps et de velours, par la maison Bruginan, Engler et Cie.

                Mais, il semblait écrit que rien de ce qui appartint à nos anciennes communautés ne devait rester intact; un terrible incendie éclata dans cette nouvelle fabrique le 22 Juillet 1810; jour du Dimanche. Il était dix heures du matin, la foule remplissait l'église, et le prêtre Coumont y célébrait la sainte Messe dans le choeur, au petit autel de la Vierge.

              Le feu prit pour première proie l'angle Est, du côté de la rivière, à l'aile reliant l'ex-couvent au chevet de l'église. Telle fut la rapidité des flammes, qu'avant que le Saint Sacrifice ne fut accompli, tout l'ensemble des bâtisses ne présentait plus qu'un vaste brasier, alimenté par une quantité énorme de matières grasses, de métiers et de fabricats.

              En présence d'un pareil sinistre tout secours humain devenait inutile, et bientôt l'oeuvre de deux siècles allait être anéantie jusqu'en ses fondements. Aux premiers cris d'alarme, la foule avait déserté l'église, mais le premier moment de stupeur vaincu, un grand nombre de personnes y rentrèrent pour sauver quelques meubles de la destruction. Elles y retrouvèrent avec étonnement le prêtre disant sa messe avec un calme qui excita l'admiration la plus vive; et malgré les supplications les plus pressantes il ne fit pas le moindre mouvement, faisant croire qu'il se trouvait entouré d'une scène aussi tumultueuse. 

              Cependant les témoins du sinistre ne restaient point inactifs. Dans cette confusion croissante, le concierge ne trouva plus les clefs des armoires de la sacristie, qui n'avait alors d'autre issue que par l'église, Gilles Mors, sacristain actuel, saisit une barre de fer, brisa les portes abritant les vases sacrés et les ornements, appela du secours aux fenêtres grillées et jeta d'entre les barreaux tous les objets les plus précieux. 

              Il put de là remarquer le dévouement de feu Madame J.-J. Lejeune qui avait quitté sa maison, voisine de ce foyer, pour recevoir en son tablier les ostensoir, calices, etc.; auprès se distinguait le jeune Alexandre Paulis, lequel se chargeait des vêtements sacerdotaux lui lancés, et les déposaient en lieu sûr.

             En ce moment des cris terribles s'élevèrent de la foule anxieuse, toute la toiture de l'église s'était embrasée d'un trait, d'énormes flammes étreignaient déjà la belle flèche qui s'élevait au-dessus du choeur et dont la base allait céder et la voir s'anéantir. 

             Ceux qui se trouvaient encore dans l'édifice se retirèrent, de nouvelles prières furent adressées inutilement au prêtre héroïque qui ne désemparait; néanmoins l'on enleva la statue de la Vierge qui décorait l'autel où l'on célébrait et bientôt Coumont se trouva seul dans l'enceinte livrée à l'élément destructeur.
Cependant Dieu protégeait ce dévouement à ses devoirs. Pour ceux qui de loin contemplaient cette scène terrible, les secondes parurent des siècles tant le péril était imminent; des craquements sinistres se faisaient entendre de toutes parts annonçant qu'une dernière heure allait sonner.
Enfin le saint Sacrifice s'acheva. Il était temps: le plafond du choeur s'était effrondé, le revers du grand autel était en feu, le chapeau du prêtre, accroché à la porte de gauche y brûlait. 

            Quand le célébrant descendit de l'autel, on assure que les cloches fondaient déjà et que leur bronze tombait goutte à goutte au milieu du choeur.Coumont traversa l'église à pas lents emportant les saintes espèces et à peine posait-il le pied dans la chapelle, qu'un horrible fracas vint épouvanter la ville entière, la haute flèche s'écroulait, entraînant dans sa chûte tout le plafond de la nef.
Alors le vaisseau de l'église fut une fournaise ardente dont nul n'osait approcher et dans laquelle disparurent tant de témoignages de la piété, de la reconnaissance de nos aïeux.

          Quant à la chapelle, elle était destinée à ne point périr, sa voûte en briques reçut l'épreuve du feu et la charpente se consuma sur son cintre sans y laisser de traces.
En ce moment, tel était l'effroi de voir la statue vénérée atteinte par les flammes que, quoiqu'on la sut de pierre, il fut fait des efforts surhumains pour la descendre de son piédestal. Heureusement aucun mouvement ne s'y produisit et nulle trace de violence n'y fut laissée par les leviers dont on se servit contre elle.

           Bientôt il fallut fuir aussi de la chapelle, car dès que la voûte en bois de l'église se fut écroulée, fournissant des aliments nouveaux à l'incendie, d'énormes masses de feu s'élancèrent par toutes les ouvertures que comptaient les trois portes de la base, les deux portes du jubé telles qu'elles existent encore, ainsi que par les trois fenêtres qui perçaient l'ancienne façade en sa partie supérieure et étaient restées comme ornement au-dessus de la niche de la Vierge; ajoutez y la porte qui donnait accès au cloître par lequel on se rendait du couvent à la galerie.

            Malgré les neuf énormes langues de feu qui par ces ouvertures s'élançaient dans la chapelle, les balustrades et boiseries entourant la Vierge et formant l'ornementation que l'on y a vue jusqu'en 1853, rien de ces décorations ne fut consumé. La balustrade actuelle, découpée comme la guipure, y est restée comme seul témoignage, quant à la partie qui se trouve devant l'autel et s'étale sur la largeur du vaisseau.

               Plus haut il fut parlé du dévouement de personnes arrachant des débris à l'élément destructeur, grand nombre s'y distinguèrent, malheureusement peu de noms nous sont connus, citons cependant d'après le témoignage de nombreux témoins, la belle conduite que tint pendant ce désastre, Henri Defawe, de Verviers, lieutenant des cuirassiers, décoré de la Légion d'Honneur, et alors en congé. Le jeune Guillaume Dubois s'y distingua de même.
Jean Théodore Mors et Mathieu Lion y produisirent dès le début des efforts inouïs dans l'espoir de concentrer le feu dans l'établissement industriel.

             Pendant tout le jour suivant, l'ardeur du foyer ne cessa d'effrayer la population et surtout le côté Nord de la place des Récollets. La chaleur projetée dans les environs fut telle que les vitres des maisons environnantes en furent gercées. Une femme habitant au quai des Récollets surprise par cette ardeur suffoquante voulut se sauver par son jardin vers les Heyds, elle y serait morte si l'on ne fut venu l'enlever à temps.

            L'on crut devoir attribuer à l'atmosphère altérée par cet événement l’état des arbres de la Place Verte, qui furent vus cette année au mois d'Août, entièrement dépouillés de leurs feuilles.
Cependant tout le premier jour de l’incendie fut rempli d'une pluie diluvienne qui ne cessa un instant et préserva le voisinage de l'église d'une complète destruction.

            Cet état météorologique uni au vent d'Est remplirent la ville d'une épaisse fumée qui ne se dissipa que la nuit. Le lendemain 23 l'on croyait tout consumé, quand vers le soir, des mouvements s'étant produits dans la masse où gisait cette glomération de matériaux de tout genre, de hautes flammes s'en échappèrent de nouveau, l'alarme fut redonnée; enfin tout danger disparut.

           Quant à l'église, son état et ses débris firent craindre qu'elle ne fut perdue pour toujours.
L'ex-couvent devenu ex-fabrique, fut bientôt remplacé par des habitations telles qu'on les voit aujourd'hui, composant rétablissement de roulage Fischer et Cornet.
La population, afin de constater sa reconnaissance pour la conservation de la chapelle, à laquelle on était si attaché, désira que l'on n'interrompit point la célébration de la Messe ni des Complies, ce qui eut lieu en présence d'une foule innombrable venant de toutes parts s'assurer de la conservation d'une partie de l'édifice, ce qu'elle considérait comme une nouvelle manifestation de la Providence.
Cependant l'on n'y donna la bénédiction qu'après que l'enceinte eut été cosacrée de nouveau.
Après l'événement cité, le P. André Roland fit peindre le quatrain suivant dans la chapelle;
La flamme dévorante approchait cet autel,
Elle allait dévorer cette enceinte sacrée
Quand Marie adressant nos voeux à l'Eternel,
Rend l'espoir et la paix à la foule éplorée.


RÉTABLISSEMENT DE L'ÉGLISE.

                 En 1812, fut émise l'idée de reconstruction de l'édifice incendié; des devis furent formés par l'architecte Danthine et le charpentier L. Joseph Grégoire, leur chiffre fut de 33,627 frs.
En 1816 les ruines étaient telles encore que l'incendie les avait laissées; seulement de leur masse s'élevait un taillis dépassant les plus hautes murailles épargnée
Alors de nouveaux projets surgirent par Douha, architecte, et Caro, de Theux, charpentier; ils furent accueillis, et Madame Biolley-Simonis offrit 30,000 francs afin d'activer la réalisation du voeu populaire.

               Grâce à telle largesse, les travaux commencèrent le 23 Avril et la caisse de l'église fournit pour leur ornementation tout son avoir, 12,000 francs; des souscriptions pour l'achat des orgues procurèrent 200 louis. 

               Notre ex-Bourgmestre M. Charles Warnotte, acheta et fit don à l'église du magnifique maître autel de l'abbaye du Val Notre-Dame. Ce chef-d'oeuvre avait été offert à cette maison par l'une de ses abbesses, Lutgarde de Boileau, dans la première moitié du dernier siècle.

                Il se composait d'une base enrichie de bas reliefs de marbre blanc au-dessus desquels entre six colonnes corinthiennes se voyait une assomption, groupe demi colossal, où la Vierge entourée d'anges était reçue au Ciel par la Trinité.

               Malheureusement cette belle pièce étant de proportion trop vaste, ne put être appliquée à l'église nouvelle. Elle fut remplacée par l'autel principal de l'église de Saint-Nicolas aux Treilles, de Liège, auquel officiait habituellemant l'évêque Zaepfel.

Ce second autel coûta 1,500 florins.

Un habitant d'Andrimont, donna une poutre énorme, laquelle supporte le jubé.
Ainsi se compléta cette réédification de laquelle fut écartée le projet, formé par l'architecte, de reconstruire la tour.
Le Père André Roland, heureux du rétablissement de son église, y fit placer en face du quatrain cité page 53, cette nouvelle inscription:
L'an 10, 22 Juillet, les flammes dévorantes,
N'avaient rien épargné, pas même les autels;
L'an 18, le 6 Mai, grâce aux mains bienfaisantes
Sion renait répand ses trésors immortels.

                 Enfin, â cette date, l'église fut de nouveau consacrée et livrée au culte, au milieu d'un immense concours. Elle fut bénie et la Grand'Messe y fut chantée par M. Toussaint Colette, curé de Saint-Remacle; l'offrande tenue y produisit mille francs, destinés à la décoration, et les habitants du quartier se cotisèrent pour compléter le fini des autels et de la sacristie.

                Les prêtres Duesberg, ex-chanoine de Saint-Pierre, à Liege, et Gilles Deblon tous deux de notre ville la desservirent, disant chaque jour Messe et Salut. Le premier y officia jusqu'à ce que l'église N.-D. eut été érigée en paroisse.

                 La chapelle et l'église réédifiée reçurent en 1821 comme vicaire titulaire de Notre-Dame, P.-W.-J. Delahaye, hollandais; son traitement fut fourni par des souscriptions volontaires; il y célébra jusqu'à sa nomination à la cure de Henri-Chapelle.

INAUGUGRATION DE LA PAROISSE N-D & JUBILÉ DE 1842

               En 1825, il fut question d'ériger enfin l'église N.-D. en auxiliaire de Saint­Remacle; à cette fin, feu Antoine Brosky, de Herlen, y fut envoyé comme vicaire, mais il résida à l'église primaire jusqu'en 1826, époque à laquelle lui fut adjoint le révérend B. C. E. Meunier; des fonds baptismaux furent alors établis à N.-D.

             Le 15 Mai, veille de la Pentecôte, jour de saint Servais, le premier baptême s'accomplit en leur succursale, et en 1827, les deux desservants se casèrent dans le quartier, fixant leur résidence en Brou, 10, à peu près en face de la maison où juste deux siècles auparavant (1627) s'étaient établis les Pères Récollets. Leur succursale, la première créée en notre ville en dehors de l'église mère de Saint-Remacle, fut définitivement érigée le 6 Février 1833 par Monseigneur Van Bommel, évêque de Liège, sous le vocable de Notre-Dame.

              Le 14 du même mois, Barthélémi-Charles-Eugène Meunier, né à Huy le 17 Juin 1803, en fut nommé premier desservant. Son installation se produisit d'une manière solennelle par M. le curé primaire Hubert Neven (aujourd'hui Mgr. le grand vicaire de Liège), accompagné d'un clergé nombreux et d'une foule considérable.

              L'église et la place étaient ornées de riches colonnades, de draperies, de guirlandes et chronogrammes, d'entre ceux-ci l'on en remarquait de l'un de nos plus distingués latinistes, feu Henri Mauhin-Dôdémont, professeur à l'Ecole Industrielle; il traça entr'autres au-dessus de la porte du temple cette heureuse sentence

DVX GREGIS ET CVSTOS

o MEUNIER IN CLYTE saLVE.

C'est-à-dire: O Meunier, chef et gardien du troupeau, soyez le bien venu.

              A cette occasion, trois des plus honorables habitantes de la place des Récollets, Mesdames Genin, Sauvage et de Damseaux, désireuses de voir l'église dignement ornée, avaient fait dans le quartier une collecte dont le chiffre atteignit 1,060 francs.

               Le premier baptême qui s'accomplit en la succursale, date du 15 Mai 1826, pour Jeanne-Marie Camus, fille légitime de Jean-Nicolas et de Marie-Joseph Colard, des Mezelles.
Le premier en la paroissiale N.-D. fut celui de Marie-Elisabeth Rensonnet, fille légitime de Jean-Servais et de Marie-Elisabeth Crama, de la rue Hodimont, 16 Février 1833.

              La première inhumation fut celle du jeune François-Xavier Thoulen, de la rue du Marteau.
La possession d'un presbytère voisin de l'église s'étant fait désirer, il fut acquis et approprié pour la somme de fr. 29,000, en vertu d'un arrêté du 24 Octobre 1834, et la somme fut composée par le Conseil de Fabrique au moyen des capitaux de diverses fondations, avec lesquels l'on solda d’abord 2/5 mes du prix d'achat, et les 3/5 mes restants furent complétés au moyen de divers capitaux de fondations, donnés ou remboursés à la Fabrique.

              Le nouveau pasteur acquit bientôt de nombreux titres à la reconnaissance et se distingua d'une manière toute spéciale, pour l'organisation des processions, qui grâce à ses soins, devinrent des plus riches et des mieux ordonnées.

            Cette aptitude acquit un développement extraordinaire en 1842, par le jubilé du 150e anniversaire du miracle, solennité que l'on désirait voir égaler en luxe les commémorations de 1742 et de 1792. Les journaux reproduisirent tous les détails de cette fête remarquable, nous ne transcrirons ici que la description due à feu M. Herman Berguenheusse, de Verviers, mort à Mouzon aux Ecluses, le 1er Février 1858, et qui, comme ses ancêtres, continua le rôle de chroniqueur jusqu'au 20 Août 1849. (il fut peut­être le dernier qui tint un journal manuscrit parmi nous.) Voici le narré dont il est question:

        « Le 18 Septembre 1842, eut lieu le Jubilé de 150 années, à la paroisse N.-D. en mémoire du miracle ou changement de la statue de la sainte Vierge Marie, arrivé l'an 1692. La veille au soir et le dit jour au matin, la solennité fut annoncée par le canon et le son des cloches de toutes nos églises. Après la Grand'Messe qui y fut chantée en musique à huit heures, la procession sortit avec un éclat dépassant tout ce que notre ville avait vu en ce genre.

          L'on y portait en triomphe le portrait de la Vierge des Récollets, très ressemblant, peint par J.-S. R ... de cette ville. Devant cette image, marchaient cent jeunes demoiselles répandant des fleurs.Plusieurs Confréries venaient ensuite, en tête desquelles marchait celle de N.-D. de Miséricorde, puis suivaient celles de Dison, d'Ensival et de Chaineux.

          Une foule considérable de prêtres, d'hommes, de femmes et d'enfants, accompagnaient dans un recueillement et un ordre admirable. Toutes les autorités de la ville y assistaient aussi.
Partout l'on trouva les rues jonchées de fleurs et de verdure; le parvis et la chapelle de la Vierge étaient transformés en bosquets ornés de nombreux chronogrammes, dus à la verve de M. Meunier, curé. Le soir toute la ville fut illuminée.
Les fêtes jubilaires furent continuées jusqu'au 26 et une indulgence spéciale fut accordée à ceux qui y prenaient part.

           Deux missionnaires Rédemptoristes de grand mérite, les Pères Fontaine et Deschamps y vinrent prêcher et confesser, une foule incroyable se porta vers eux, ainsi qu'aux confessionnaux de nombreux prêtres de la ville et des environs.

              L'on fut obligé d'appeler un troisième missionnaire qui fut- le P. Pierre Renand, de notre ville. Aux Messes de 6 heures et au Salut de 7, où les sermons se faisaient, l'église était au moins une fois trop petite. A l'un des sermons du P. Deschamps, la foule y était tellement entassée et produisit tel tumulte que l'on fut longtemps à savoir si l'on entonnerait le Salut. Heureusement nul accident ne s'y produisit et la cérémonie se termina par un Te Deum.

             Il y eut chaque jour Grand'Messe à la chapelle, le Dimanche en musique à 10 heures, de même que les derniers jours, et enfin le 26 à 9 heures à grand orchestre. La veille était un Dimanche pendant lequel se fit. une procession aussi brillante que la première.

             En ce moment, le pont des Récollets se trouvait en reconstruction; les habitants du Spintay sollicitèrent de n'être pas privés du cortège et l'on posa des poutres sur les arches non fermées, afin qu'ils pussent jouir de tel avantage. Une remarque digne d'intérêt, c'est que feu le digne abbé Magnée, de Verviers, célébra la première messe de cette solennité ainsi qu'il l'avait fait 50 années auparavant, au jubilé séculaire de 1792.La plupart des chronographes et pièces de vers qui ornèrent cette belle fête et composées à son sujet, ont été reproduites en une brochure intitulée:

            Notice historique sur les changements prodigieux et les faits miraculeux arrivés le 18 Septembre 1692 sur la statue de la sainte Vierge, honorée dans l'église des P. Récollets. Publiée à l'occasion du 3° jubilé de 50 ans qui a lieu en mémoire de ces changements. In-12. - Verviers 1842. Imprimerie de A. Remacle."

           L'on y remarque les Litanies de la Vierge en chronogrammes latins, avec traduction française.

Voici, d'après l'imprimé du temps, l'ordre dans lequel se produisit cette dernière commémoration:
Progamme des cérémonies et de l'ordre de la Procession Générale du Jubilé, qui aura lieu à l'église de Notre-Dame, à Verviers, le 18 Septembre 1842.

           La solennité sera annoncée la veille et le matin par le canon et le son des cloches des églises de la ville.

            La sortie de la procession aura lieu vers neuf heures et demie et dans l'ordre suivant :

1° La croix de la paroisse avec sa bannière, suivie immédiatement des orphelins et des congrégations d'hommes ou de garçons
.
2° Les Confréries de la Sainte-Vierge dans l'ordre suivant:
I. Toutes les confréries étrangères à la ville se rangeront d'après l'ordre de leur arrivée, immédiatement entre les congrégations de garçons et la confrérie de l'église des Carmes.
II. Suivra ensuite la Confrérie de Notre-Dame du Mont Carmel, celle de Notre-Dame de Pitié, et en dernier lieu celle de Notre-Dame Auxiliatrice, avec ou sans bannière.

3° L'image de la Sainte Vierge sera placée à l'extrémité des confréries

4° Viendront ensuite, les congrégations des filles, qui suivront immédiatement l'image de la Sainte Vierge, et puis les personnes du sexe, qui ne font pas partie des congrégations.

5° Viendront ensuite les autres confréries dans l'ordre suivant:
I. Toutes les confréries autres que celle de la Sainte Vierge qui se placeront immédiatement après les congrégations, et autres personnes du sexe dans l'ordre de leur arrivée.
II. La confrérie do la Très-Sainte-Trinité, et celle du Très-Saint-Sacrement de la paroisse primaire de Saint-Remacle.
III. La confrérie du Très-Saint-Sacrement de la paroisse de Notre-Dame.

6° Viendront ensuite les religieux, le clergé et le Dais qui sera suivi et entouré du corps des pompiers, de la police, et des autorités de la ville.
Les personnes qui suivront le Dais sont invitées à se ranger en ordre, en formant des lignes de 6 ou 8 personnes.

              La procession se fera dans l'ordre suivant: En partant de la place des Récollets, elle suivra dans la paroisse primaire, les rues du Collège et des Raines, ira aux grandes Rames par la place Saint-Remacle, pour sortir par la rue Sainte-Anne et revenir par Sommeleville, Secheval, le Marché et Crapaurue. Dans la paroisse de Notre-Dame, elle suivra ensuite la place Verte à gauche, la Xhavée, rentrera par derrière les orphelins, dans la rue de l'Harmonie, les rues derrière les Rames, Brou, rue Saint-Laurent, rue du Marteau pont au Chêne, Saucy. 

              Dans la paroisse de Hodimont, elle traversera la rue Neuve, celle de la Chapelle et la grande rue, pour revenir à l'église de Notre-Dame, par les rues Hodimont et Spintay. 
Les habitants et les sociétés des différentes rues sont instamment invités à décorer les rues et les maisons d'une manière digne de cette grande solennité, et à vouloir bien illuminer leurs maisons, le dimanche soir, à l'exemple des édifices publics, qui seront aussi illuminés.

            On a l'espoir, que la piété, le recueillement et le bon ordre, seront le caractère de cette belle cérémonie religieuse, et que dans cette circonstance si importante, la ville de Verviers saura conserver la réputation dont elle jouit, d'allier la piété et le bon ordre à la pompe des processions.
N. B. En cas que le temps ne permettrait pas de faire la procession le 18, elle serait transférée au Dimanche suivant, 25 Septembre, aux mêmes heures et dans le même ordre.
Verviers, le 12 Septembre 1842.

Le Curé de la paroisse, B.-C.-E. MEUNIER. Le Bourgmtestre, C. WARNOTTE.

                 Depuis ledit Jubilé, la chapelle et l'église ont subi divers changements et améliorations, c'est pourquoi un aperçu de leur état actuel trouvera place dans le présent exposé. Auparavant il reste à citer une série de personnes séculières y ayant prêté leurs soins.

DES SYNDICS DES RÉCOLLET.

             La constitution particulière des Franciscains, leur interdisant de posséder aucune valeur monétaire, adjoignit à leurs maisons, la charge de syndic ou délégué, confiée à une personne laïque de l'un ou de l'autre sexe, et chargée des transactions quotidiennes qu'exige, dans toute société, le mouvement des recettes et dépenses.

Le premier en titre à Verviers fut:

               Grégoire Bauduin, premier Père syndique des PP. Récollets, enterré en leur couvent le 24 Juillet 1655. Son titre reparaît à propos du service de sa femme Idelette le Poneau, inhumée près de son époux, le 8 Mars 1683.

               Le second semble avoir été Henry Stocqui, enterré en l'église des dits Pères, le 30 Décembre 1662, jadis Bourgmestre et Père syndique.Nos livres mortuaires présentent ensuite le nom de Antoine Franquinet, plusieurs fois Bourgmestre, Commissaire et Syndique, inhumé au choeur des Récollets, le 24 Juillet 1736. Ses titres sont cités encore au sujet de la mort de son épouse Catherine-Joseph d'Exhorez, inhumée aussi au choeur, le 5 Mars 1728.

             Ce troisième nom de syndic est la dernière personnification du genre que nous rencontrions; viennent ensuite: Anne Wacomont, soeur sindique, morte le 30 Décembre 1780 et enterrée aux PP. Récollets le 1er Janvier 1781.

          Catherine-Ignace Wacomont, célibataire, syndique des sol jura (comptes) des Pères Récollets, inhumée au cimetière de la paroisse, le 2 Août 1786.
Marie-Marguerite Massotte, dite ci-devant syndique des Récollets en une pétition du 25 Avril 1798 conservée aux archives communales. Cette personne fut la dernière avant rempli ces fonctions en notre ville; née à Ensival, elle mourut à Verviers le 22 Août 1812, âgée de 73 ans.

DIRECTRICES ET DIRECTEUR DE LA CHAPELLE.

               L'affluence qui se porta vers la chapelle de la Vierge des Récollets dès son achèvement, le désir de l'orner et de la rendre utile par des collectes, y firent déposer un tronc pour les pauvres et un autre pour son entretien.

               L'on a vu page 16, leur approbation, par la lettre du Nonce, en 1709, et dès lors ces recettes produisirent la charge de directrice, syndique ou mambournesse de la chapelle, titre accordé pendant le 18e siècle à des dames, les plus recommandables de la ville.

               La première trace officielle que nous en ayons rencontrée date de 1719. 

DES BANCS.

                             L'établissement de places réservées avant été l'une des premières ressources des édifices religieux, nos Récollets asservirent aussi cet usage à l'ornementation de leur église (la chapelle, ne fut entourée que de bancs ouverts qui disparurent il y a peu d'années).
L'usage de ces privautés y avant été interrompu à la fin du dernier siècle, les propriétaires néanmoins les reprirent lors de la reddition de l'église au culte, et en jouirent jusqu'au jour de l'incendie. En 1818, ils réclamèrent de nouveau leurs droits, après la réédification. Alors, l'on évoqua contre eux:

1° Les principes des mandements des évêques, disant que les concessions du genre étaient toujours révocables pour cause d'utilité, en indemnisant les propriétaires.
2° Que les propriétaires avaient perdu leurs droits anciens par les décrets déclarant biens nationaux et vendant le couvent et l'église.
3° Que les anciens possesseurs n'avaient acquis droits nouveaux que par l'arrêté municipal, du 20 Juillet 1806, admettant qu'au moyen d'une légère rétribution ils rentreraient dans la jouissance, à perpétuité, de l'objet en litige.
4° Que vu le cas de force majeure produit par l'incendie, cette jouissance avait cessé, aucun des dits obtenteurs n'ayant coopéré au rétablissement de l'église.

               Cependant, les administrateurs offrirent aux réclamants de leur céder titre nouvel moyennant 150 francs par banc, y compris le lambris. Cet accord étant établi et les titres présentés, ceux-ci selon leur rang d'ancienneté eurent droit au choix.
Quant aux aspirants propriétaires, soumis aux mêmes conditions de prix, ils reçurent leur lot par un tirage au sort qui eut lieu le 20 Février 1818.

              De nos jours, l'état et les besoins de l'église devenue paroissiale ayant excité des réclamations, il fut décidé que les acquéreurs de titres reconnus en auront l'usage leur vie durant, et cela, à partir du 5 Avril 1857, jour auquel furent émises à ce sujet, et les clauses de la délibération du Conseil de Fabrique, et la Circulaire du bureau des Marguillers.

DES CLOCHES.

              La tourelle qui les renferme, surmontant la façade de la chapelle, est courronnée par la croix de l'ancienne flèche de l'église, cet objet fut retrouvé en 1817 dans les restes de l'incendie,

               Quant aux cloches, elles sont toutes deux de provenance étrangère: La plus forte fut la seconde de celles qui, au siècle dernier, vibrèrent au joli clocher d'Ensival, elle en fut descendue lors de l'édit les concernant et rachetée par Madame Jean-Nicolas David, d'Ensival, née Elisabeth Pirard, de Verviers.

              Aussitôt après l'incendie de 1810, cette généreuse dame l'offrit pour desservir la chapelle restaurée. Cette cloche porte en relief cette inscription
Sanctae Joseph patronae Ecclesiae Ensivaleusis interce pro nobis sumptibus oppidi Cura Reverendi Pastoris Dni Nicolaï Poulet.M. Nicolal Franquinet et Petri Joseph Fauconnier Consulum, Comparata commissariarum quae Josephi Moray, Quirin Chanxhe, Bernacle Halez et Mathei Despa, d'Ensival.Marine et Parin M. Laurent Polis, Marchand et MlIe Christine Thérèse Thiriard, marchane à Ensival. A° 1741. - A. I. Chaudoir conflata.

L            a seconde cloche fit partie du carillon de l'église des Croisiers, de Liège. Ce jeu étant devenu propriété et meuble de notre hôtel-de-ville, ne sut y remplir son office; après plusieurs années d'essais infructueux, feu le bourgmestre David, permit aux administrateurs de la chapelle de disposer de la pièce principale du dit carillon. L'on y voit ces mots:
Santae Augustine
Ora pro no. 1664.
Le hasard veut que cette date soit celle où fut érigée la statue de la Vierge des Récollets

ÉTAT ACTUEL DE LA CHAPELLE.

                 La façade de l'édifice, précédée d'un parvis de deux marches, sémi-circulaires, est construite en pierre bleue dite de taille, surmontée d'un clocheton s'élevant au-dessus d'un tympan cintré, posé sur deux doucines et percé d'un oeil de boeuf orné d'une horloge.

               Au milieu de cette face s'ouvre une vaste fenêtre, sous laquelle est un Christ en bois, aux côtés duquel sont deux niches contenant les figures des saints Remacle et Hubert. Ces statues en bois, jadis posées en l'ancienne église paroissiale, remplacèrent ici deux statues de pierre de sable, brisées vers 1793; ces premières représentaient saint François et saint Antoine de Padoue.
La base de l'édifice est percée de trois portes cintrées donnant accès, d'abord à la chapelle.
Celle du centre fut autrefois précédée d'un édicule en pierre, qui abritait les fidèles allant y prier après la fermeture de la chapelle.














1 commentaire:

  1. Muito obrigado pelo seu trabalho tão extensivo. Tenho muita pena que estes conventos se fechem. Sou concepcionista.

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